Christiane Taubira, enfin soutenue !
Christine Angot, Bernard Henri-Lévy, Caroline Fourest, Tahar Ben Jelloun, Scholastique Mukasonga, Daniel Lindenberg, Karine Tuil et d’autres – en présence de la Garde des sceaux Christiane Taubira – organisaient dimanche, un rassemblement pour protester contre les injures racistes qu’a subies la garde des Sceaux et ministre de la Justice.
Il n’y avait, jusqu’à dimanche, que peu de belles et hautes voix qui se soient levées pour alerter sur la dérive de la société française et ces attaques racistes dont la ministre est la victime.
Mais pour Christiane Taubira, dimanche soir à Paris, 250 personnes dont de nombreux intellectuels et artistes se mobilisaient pour dénoncer les attaques racistes contre la garde des Sceaux.
Dimanche tous décidaient de sortir de leur silence pour dire : « assez ! ». Cette tribune de 90 minutes a eu pour but de tirer la sonnette d’alarme contre les débordements auxquels nous assistons, affligés, depuis plusieurs semaines.
Début novembre, dans Libération, l’écrivain Christine Angot tentait d’expliquer le silence des artistes et des intellectuels dans une lettre, alors que la garde des Sceaux se faisait traiter de « guenon ».
« Nous n’avons rien dit parce que nous ne savons pas comment faire, comment dire ce que nous ressentons, nous ne trouvons pas les mots pour expliquer la terreur qui nous saisit à la gorge, la peine radicale, plus que profonde, radicale, une tristesse qui touche le fond, que nous éprouvons, cette histoire de banane nous tue. »
Néanmoins, après cette lettre de Christine Angot, la revue La Règle du jeu appelait les artistes, acteurs, musiciens, chanteurs, qui ont cette chance de pouvoir s’exprimer, de rendre cette colère et de la faire sortir.
Le rassemblement de dimanche était un véritable appel républicain. Des artistes réunis, loin des querelles partisanes, soucieux de la beauté et de l’avenir de notre pays, qui condamnent le racisme, la xénophobie, le harcèlement et plus généralement la haine de l’Autre, des fléaux qui mettent à mal notre socle commun.
«Nous sommes là pour dire notre colère face à cette montée, ce retour de l’infamie et du racisme, mais aussi notre colère face à tout ce que l’on entend et à tous ces propos qui sont en train tout doucement d’expliquer, de justifier ou d’excuser partiellement ce qui vous a été fait», a déclaré Bernard-Henri Lévy.
Dans tous les domaines, les voix se lèvent et s’indignent face à ces ignominies.
Le peintre Christian Guémy alias C215, a peint la Garde des Sceaux “pour son courage et sa tolérance”. L’humoriste France Inter François Morel a dédié sa chronique à Christiane Taubira « C’est pour qui la banane ? C’est pour toi, pauvre petite conne ». Yann Moix, prix Renaudot 2013 s’est également exprimé, il a lancé l une pétition pour une Marianne métisse. Le musicien Titi Robin a écrit une lettre. Des soutiens qui font du bien.
Selon les inrocks.fr, Christiane Taubira s’est dit «profondément émue». «J’ai l’impression d’être malgré moi le vecteur, le motif, d’un grand moment d’interrogation sur nous-mêmes. Ce moment d’interrogation doit effectivement être symbolisé, c’est ce qui se passe cette semaine à travers les mots des tribunes des artistes, des écrivains. Les eaux étaient dormantes, les circonstances qui nous ont tous figés nous ont remis en branle, ce pays se remet à vivre.»
Crédits :
Affiche de la soirée organisée par La Règle du Jeu et SOS Racisme à Paris dimanche 17 novembre 2013 LA RÈGLE DU JEU
Photo de C215 –