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Alain Finkielkraut à l’Académie : le hussard est éternel

Alain Finkielkraut à l’Académie : le hussard est éternel

11 April 2014 | PAR Enora Le Goff

Alain Finkielkraut a été élu hier à l’Académie française, par 16 voix sur 28. Malgré la polémique ayant précédé le scrutin, l’auteur de L’identité malheureuse reprend le fauteuil de Félicien Marceau, décédé il y a deux ans.

L'humanite perdue

La candidature de ce philosophe de 64 ans avait divisé le petit monde de l’Académie française. Il était accusé d’être réactionnaire par ses opposants, un des académiciens étant allé jusqu’à déclarer (en anonyme) : “Le Front national ne doit pas entrer sous la Coupole”. A l’inverse de cette opposition on trouve ses partisans parmi lesquels Pierre Nora, Max Gallo ou Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’institution fondée en 1635 par Richelieu. «Si Finkielkraut n’est pas élu jeudi, je ne mettrai plus les pieds à l’Académie», prévenait même Jean d’Ormesson, cité par Le Figaro. Fin 2013 il avait suscité la polémique avec son ouvrage L’identité malheureuse, dans lequel il ressasse les obsessions et angoisses qui lui valent d’être lui-même sujet de discorde : une France menacée par le multiculturalisme, la défense de la civilisation européenne et de la méritocratie républicaine, les ratés de l’intégration. Pour ce philosophe «mes buts ne sont pas politiques, j’écris pour dévoiler ce qui m’apparaît comme une certaine vérité. »

Fils d’un déporté survivant d’Auschwitz, normalien, agrégé de lettres et professeur de philosophie, il voue aux lois de la République un respect absolu et défend violemment l’école républicaine « à la française ». Il soutient déjà dans les années 1990 cette idée de la vieille France, catholique et républicaine. Il l’illustre dans son ouvrage Le mécontemporain, ouvrage de réhabilitation de Péguy dans lequel il met en avant l’idée de la France s’incarnant dans le patriotisme, et dans une critique de la modernité. La France il l’aime et la défend comme terre d’accueil, qui l’a sauvé, lui et sa famille. Ne pas l’aimer c’est mettre à mal sa mémoire, il ne supporte pas de la voir changer. Et c’est le problème majeur de Finkielkraut, il ne peut pas et ne veut pas penser le changement de la société, ce qui dans le contexte actuel le fait s’inscrire dans une idéologie extrémiste. En effet cette défense de l’idée de vieille France se retrouve poussée dans des confins d’idéologie peu recommandables lorsque ce dernier s’illustre sur les plateaux télévisés, on se souviendra notamment de son fameux « Taisez-vous! » adressé au scénariste Abdel Raouf Dafri lors de l’émission Ce soir ou jamais. Si dans les années 70-80 Finkielkraut s’est illustré par une défense du pays l’ayant accueilli, cette défense est aujourd’hui devenue obsolète, dépassée et dangereuse.

En réaction à son élection contestée Finkielkraut au micro de France-Inter a déclaré « Ecoutez quand même c’est assez singulier, il y a cinquante ans, soixante ans peut-être, on se serait offusqué dans certains cercles de l’Académie contre un enfant de juif-polonais avec un nom à coucher dehors. Aujourd’hui on me reproche mon identité nationale. L’air du temps se modifie mais qu’est- ce que vous voulez la bêtise a plusieurs âges. » Mais le problème n’est pas l’identité nationale de l’homme, mais le dépassement de cette image qu’il veut absolument garder de la France, image qui n’existe aujourd’hui plus que dans les livres d’histoire.

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Enora Le Goff

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