Arts

El Greco au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

10 March 2010 | PAR Mikaël Faujour

Nous vous avions annoncé fin janvier l’exposition du Greco à Bruxelles, laquelle a commencé le 4 février. Suffisamment générale, elle offre une excellente introduction à l’art de ce fondateur de l’école espagnole, le premier peintre ibérique d’importance européenne. L’exposition se poursuivra jusqu’au 9 mai.

Bénéficiant du prêt de nombreuses œuvres du musée El Greco de Tolède (ville où cet Espagnol d’adoption s’installa et vécut jusqu’à sa mort), l’exposition « El Greco – Domenikos Theotokopoulos 1900 » revient d’abord sur la redécouverte tardive du peintre. C’est en effet au début du XXe siècle que le génie de ce maître oublié – comme l’étaient encore le Caravage ou Georges de La Tour, entre autres – est redécouvert. Hommage est donc rendu à l’homme qui permit la juste évaluation du Greco, l’historien de l’art Manuel Bartolomé Cossío, auteur d’une monographie fondamentale en 1908.

Si la pertinence de quelques tableaux exposés dans les premières salles et leur rapport avec l’art du Greco ou l’histoire de sa redécouverte sont douteux, en revanche l’exposition dans son ensemble, s’avère excellente. Dès le début, c’est un fabuleux Saint Sébastien qui laisse interdit : l’œuvre est d’une telle force expressive qu’il est aisé de comprendre pourquoi l’étrangeté et la liberté formelle du Greco en firent un mécompris vite oublié. Le ciel tordu, circulaire, et le corps irréel du saint Sébastien rappellent une filiation directe avec l’art moderne, plus précisément avec les expressionnistes. Et, indépendamment de la filiation ou de toute justification par la modernité, l’œuvre du Greco est probablement un des plus éminents et intenses tableaux jamais peints sur le sujet de saint Sébastien. D’ailleurs l’intensité de l’œuvre rattrape quelques approximations formelles (partie inférieure).

Bien évidemment, les immenses – par leurs dimensions et leur force – toiles, les plus célèbres du Greco, ne sont pas là. Néanmoins, une section est consacrée au célèbre enterrement du comte d’Orgaz, incluant d’ailleurs une copie de la partie inférieure. Si l’exposition propose plusieurs œuvres de l’atelier ou de suiveurs du Greco (ce que reproche, par exemple, cette chronique de la Tribune de l’Art, parlant d’« exposition ratée »), elle contient tout de même des œuvres admirables. C’est le cas de plusieurs peintures de saints, dont Saint Jean l’Évangéliste (ci-dessous), où s’épanouit le talent de coloriste du Greco (où l’on note l’importante influence vénitienne) ou Les larmes de saint Pierre.

Malgré une peu solide thématique, cette exposition mérite d’être vue, pour les œuvres y exposées. Même s’il ne s’agit pas nécessairement des plus grandes et que plusieurs tableaux auraient pu (dû ?) être retirés des cimaises, l’exposition bruxelloise permet une approche suffisante pour appréhender la grandeur de ce peintre. Celui-ci, passé esthétiquement du Moyen-âge (style byzantin de son île de Crète) à un au-delà du maniérisme, a su dépasser les influences assimilées en Italie et se révéler à la fois un coloriste talentueux, un portraitiste de premier ordre, à l’égal d’un Titien, et un artiste d’une grande et audacieuse liberté.

« El Greco – Domenikos Theotokopoulos 1900 », Musée des Beaux-Arts de Bruxelles.
Jusqu’au
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Mikaël Faujour

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