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Deauville 2012: le Palmarès, le triomphe de Benh Zeitlin suivi du charisme de Salma Hayek

Deauville 2012: le Palmarès, le triomphe de Benh Zeitlin suivi du charisme de Salma Hayek

08 September 2012 | PAR Yaël Hirsch

Ce 38eme festival du cinéma américain  d’eau illégal s’est fini en apothéose ce soir avec un hommage à une Salma Hayek plus radieuse que jamais. Avant la projection de “Savages” d’Oliver Stone ou la star latina joue une marraine de la drogue, le Palmarès a été prononcé. Après Sundance et Un certain regard à Cannes, Deauville consacre Benh Zeitlin avec le Grand prix ET le prix de la révélation Cartier. Une double récompense bien méritée pour son bouleversant “Bêtes du Sud sauvage”.

Projeté à la séance de 11 heures ce matin, l’énergique “Rengaine” (Gold Back) de Rachid Djaïdani a reçu le Prix Michel d’Ornano. Il succède ainsi à l’excellent “17 filles“, en tant que premier long-métrage français élu par un jury de professionnels américains pour recevoir une aide financière conséquente à la distribution.
Rachid Djaïdani a su résumer d’une phrase son beau film aux accents de vérité et à l’esthétique heurtée par les soubresauts de la caméra : c’est l’histoire d’une musulmane d’origine algérienne qui décide d’épouser un catholique d’origine africaine. Sauf qu’elle a 40 frères. Un film sans comique de situation et donc loin des classiques comédies communautaires (depuis “Chéri, devine qui vient dîner ce soir, de Stanley Kramer en 1967 à “Mauvaise foi” de Roschdy Zem en 2006). A voir pour ses dialogues justes et sa vision jamais politiquement correcte et toujours réaliste de la tolérance.

Le prix de la critique internationale a été brièvement annoncé par la présentatrice  toujours parfaitement bilingue de la cérémonie de clôture. Il s’agit de “The We and the I“, de Michel Gondry. Voir notre critique.

Après un petit sketch d’accent américain aussi douteux qu’heureusement bref, performé par les 4 acolytes de Frédéric Beigbeder au Jury de la révélation Cartier (Ana Girardot, Mélanie Bernier, Asrid Bergès-Frisbey et Félix Moati), ce Prix de la révélation Cartier a été remis à l’unanimité à Benh Zeitlin pour “Les bêtes du Sud sauvage” (“Beasts of the Southern wild”). Voir notre live-report d’hier, avec nos émotions à chaud sur le film.

Puis, montée en tambour du jury de ce 38ème festival sur la scène du CID. Grande élégance, toujours, notamment de la présidente, Sandrine Bonnaire, cheveux tirés à la Marlene Dietrich et robe fuseau noire et jaune citron. Après un long discours remerciant tous ceux qui ont aidé à organiser le festival et un tendre regard sur “ses” jurés, la réalisatrice de “J’enrage de son absence” a évoqué la traversée de films sombres, mais authentiques. Puis elle a annoncé le prix du jury. Il s’agit de la production cubano-américaine “Una noche” de la réalisatrice britannique Lucy Mulloy (voir notre live report du jour 3 où le film a été projeté).

 

Et c’est “Beasts of the Southern wild” qui a reçu le Grand prix. Sandrine Bonnaire  a expliqué que même si d’autres festivals l’avaient couronné, le film de Benh Zeitlin était d’une immense beauté, et elle s’est tournée vers lui pour lui dire merci avec émotion pour son talent et sa capacité a bouleverser. Toute La Culture a eu la chance de rencontrer ce jeune réalisateur authentique et bourré de talent cet après-midi. Pour lire notre interview de Benh Zeitlin, ce sera ici.

L’enchaînement avec l’hommage a Salma Hayek a été très rapide. Louée par Sandrine Bonnaire comme l’antidote au quart d’heure Warholien, et comme actrice exceptionnelle par son attachement au Mexique, la qualité de ses choix de rôles et surtout ses engagements comme réalisatrice, productrice, qui n’hésite pas à utiliser son image pour aider de grandes causes humanitaires, Salma Hayek a selon la coutume, eu droit à un petit montage de scènes clés de sa filmographie, avant d’entrer, royale et d’une élégance noire qui a éclipsé jusqu’aux dentelles d’Alice Taglioni, sur la scène du CID.

Dans un discours énergique et plein de cœur, l’héroïne du nouveau Oliver Stone a félicité les lauréats, remercié le festival et surtout la France, qui lui a donné l’amour, un mari avec François Pinault, une fille, Valentina, et en cerise sur la gâteau, une reconnaissance professionnelle immense. La belle a aussi surpris en remerciant l’adversité. Une adversité qui lui a livré nombres de petits rôles, dont certains étaient franchement mauvais, pendant les années de vaches maigres. Mais cette adversité a été fondatrice : elle lui a permis d’apprendre son métier en relevant le niveau de ces mauvais rôles ou en regardant faire l’actrice principale dans les bonnes productions. Salma Hayek dit qu’elle n’aurait jamais trouvé le personnage de Frida Khalo en elle sans cette adversité salvatrice. Ovationnée, elle a laissé place au film de la soirée, où elle incarne une baronnesse d’un cartel de la drogue, le brillant, sanglant et haletant “Savages” dont vous pouvez lire la critique ici.

La 38ème édition de Deauville se clôt donc ce soir, même si les projections continuent demain, avec notamment plein de séances de rattrapage pour ceux et celles qui n’ont pas pu suivre les dix jours de la compétition.

Photos (c) Yaël Hirsch

Grand format : Benh Zeitlin recevant son prix de la révélation Cartier.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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