Opéra
[Live report] Somptueuse « Ville morte » de Korngold à la Maison de la Radio

[Live report] Somptueuse « Ville morte » de Korngold à la Maison de la Radio

31 January 2016 | PAR Yaël Hirsch

Du 29 au 31 janvier 2016, la Maison de la Radio propose un cycle dédié au compositeur Austro-Hongrois Erich Wolfgang Korngold. Ce samedi 30 janvier, à l’auditorium, l’exécution par l’Orchesre Philharmonique et les chœurs de Radio France de l’opéra La Ville morte (1920) était enchanteresse. Live-Report.

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Opéra le plus joué en Europe dans les années 1920, La Ville morte est une adaptation d’un roman symboliste belge de Georges Rodenbach. Dans cette oeuvre qui flotte entre vie et mort, et aussi entre rêve et réalité dans un Bruges mythique de carnaval et de brume, les voix sont presque omniprésente. L’histoire est celle de Paul, un homme en deuil de sa femme, Marie, qui croit la voir ressuscité dans la chanteuse Marietta. Il s’éprend de l’artiste et la séduit, mais son rêve est bientôt tué par les réalités de la vie légère de cette nouvelle femme et un rêve très symbolique et très violent…

Dirigé avec lyrisme et poigne par l’énergique Marzena Diakun, assistante de Mikko Franck, l’Orchestre Phiharmonique de Radio France semblait emplir tout le cercle de l’auditorium dans une interprétation profonde et inspirée de l’opéra de Korngold. Les moments instrumentaux, notamment au début du deuxième tableau, étaient des sortes de rendez-vous inspirés et puissant où l’on pouvait à nouveau se concentrer sur cet orchestre absolument emporté par la mélodie de l’oeuvre. Du côté des voix, les solistes étaient juste merveilleux : doté d’un timbre lumineux et d’une voix qui semblait aussi profonde qu’infatigable, le ténor allemand Klaus-Florian Vogt jouait sa partition avec une implication et une conviction qui nous faisaient oublier que nous étions en version concert. L’émotion n’a cessé de monter, notamment dans les nombreux duos, jusqu’au “Ein Traum hat meinen Traum zerstört” du dernier tableau. Plus statique mais tout aussi émouvante et puissante dès le célèbre air du “Glück das mir verblieb”, Camilla Nylund était une Marietta époustouflante. Si dans cette version concert les voix étaient malheuresuement parfois un peu trop massées à l’avant de l’orchestre pour que le son circule parfaitement, li’dée de réserver un étage pour faire apparaitre la morte, Marie, et également chanter les choeurs d’enfants et d’adultes au troisième tableau a premis une certaine mise en espace et une très belle acoustique. Quelques jeux de lumières tamisées en final sur le bois de l’auditorium ont fini de nous laisser bercer et porter dans le fleuve très mélodieux du rêve de Korngold.

Ce dimanche 31 janvier 2016, ne ratez pas la soprano Camila Nylund dans un concert de Lider Mahler, Zemlinksy, Korngold et, en final de ce cycle, un récital qui fait le lien entre l’Empire Austro-Hongrois et Hollywood où Korngold a déménagé et écrit pour des Musicals dans les années 1940.

Visuel : Camilla Nylund ©Heikki Tuuli – Marzena Diakun ©DR – Klaus Florian Vogt ©DR

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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