Opéra
Pelléas et Mélisande, l’opéra en version de concert

Pelléas et Mélisande, l’opéra en version de concert

07 March 2023 | PAR Margot Wallemme

L’opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy fut présenté à la Maison de la Radio ce week-end en version de concert. Superbement dirigée par Susanna Mälkki, la pièce est donnée dans sa plus grande musicalité et sensibilité symphonique. 

Un opéra en version de concert

L’absence de mise en scène de cet opéra en version concert pourrait rebuter le non initié. Pourtant, la légèreté peut éclairer n’importe qui, on ne peut rester insensible à l’œuvre de Debussy. Sur scène, point de costume ni de décor, le spectacle est donné par l’orchestre et ses chanteurs lyriques. La puissance musicale de Pelléas et Mélisande se retrouve sur le devant de la scène, l’orchestre souvent niché dans la fosse s’impose alors comme acteur principal de l’opéra – parfois recouvrant même les voix des chanteurs. 

Susanna Mälkki nous fait redécouvrir cette pièce si marquante de l’œuvre de Debussy. Toute notre attention est portée sur la musicalité et l’écriture symbolique des mélodies. Nos oreilles sont ravies. Dès la première scène, la musique emporte, le son est clair, l’équilibre est parfait. Puis entrent Mélisande et le prince Golaud, qui découvre la jeune femme dans la forêt. Les superbes voix d’Antoinette Dennefeld et Allen Boxer résonnent prudemment. On découvre ensuite celles de Ben Bliss (Pelléas) et Alistair Miles (Arkel, le roi d’Allemonde), les chanteurs offrent un spectacle qui caresse nos sens. 

 

Posséder la clé des symboles

Lorsque l’on possède les clés, que l’on connait la pièce de théâtre initiale dont est tiré l’opéra ou le livret de Maurice Maeterlinck, l’expérience musicale devient sensationnelle. Les allusions et les symboles deviennent intelligibles. Ces mystérieuses figures se cachent derrière des sons et des mélodies, des mots. Le génie de la musique de Debussy amplifie la symbolique du texte de Maeterlinck en se mariant à lui. Pelléas et Mélisande devient une œuvre complète, à la limite du transcendantal.

L’opéra est très particulier et l’écriture de la voix chantée est différente du théâtre lyrique habituel. Les personnages parlent en chantant, ils chuchotent dans un récitatif mélodieux. Car Debussy accorde une réelle importance à la lisibilité du texte, il tente de faire chanter la parole, de la styliser. La primauté est donc donnée au texte et à la musique, non au chant lui-même, c’est en partie pour cela que l’opéra de Debussy est unique.

En omettant les distractions que pourrait offrir une mise en scène, la version de concert de Pelléas et Mélisande permet de mettre en exergue les différents jeux stylistiques de Debussy et de Maeterlinck. On voit s’illuminer les multiples dichotomies, la lumière et l’obscurité, la jeunesse et la vieillesse, le bruit et le silence, le visible et l’invisible.

Pour tenter de comprendre la signification de ces jeux entre “les avertis” et “les aveugles”, il faudra sûrement se plonger dans l’ouvrage de Maeterlinck : Le trésor des Humbles. D’ici-là, la version concert de Pelléas et Mélisande sera diffusée le samedi 18 mars à 20h sur France Musique et francemusique.fr !

 

 

BEN BLISS ténor (Pelléas)
ANTOINETTE DENNEFELD mezzo-soprano (Mélisande)
ALLEN BOXER baryton (Golaud)
ALASTAIR MILES basse (Arkel)
NADINE WEISSMANN mezzo-soprano (Geneviève)
PATRICK BOLLEIRE basse (Le Médecin / Le Berger)
CLÉMENTINE BOURGOIN soprano
ANNE-LOU BISSIÈRES mezzo
JOËL ROESSEL ténor
JÉRÔME SAVELON baryton
AURÉLIEN PERNAY baryton
JOACHIM SEMEZIES, soliste de la MAÎTRISE DE RADIO FRANCE (Yniold)
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
SUSANNA MÄLKKI
 direction

 

Visuel : ©Simon Fowler

Notre agenda culturel de la semaine du 6 mars
Behind the ligth, Cristiana Morganti s’enferme
Margot Wallemme

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration