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Hellfest, jour 3 : Tombs, Arch Enemy, Alice in Chains et Iron Maiden…

Hellfest, jour 3 : Tombs, Arch Enemy, Alice in Chains et Iron Maiden…

26 June 2018 | PAR La Rédaction

C’était, dimanche, la dernière journée du Hellfest. Avec un show de deux heures de la tête d’affiche principale, Iron Maiden, une foule de prodige avait accouru pour voir les géants britanniques. Mais les autres belles prestations n’ont évidemment pas manqué.

La fatigue se fait sentir dans les genoux, à force de piétiner dans la foule et de vadrouiller de concert en bar, de bar en concert, en passant par l’espace de restauration. Mais la chaleur sous la tente se charge la première de nous jeter au dehors, puis l’appétence de musique surtout nous jette à nouveau à travers vignes et campings sans fin.

Sur le chemin de la salle de presse où acquitter le devoir professionnel du compte-rendu de la veille, direction l’espace Valley, où joue Warning, formation britannique de doom metal des années 1990 reformée en 2017. Un doom à la britannique d’un esprit proche de My Dying Bride, la grandiloquence gothique en moins. Sans doute pas le meilleur groupe de cette famille musicale caractérisée par sa lenteur et sa lourdeur, mais un titre comme Watching From a Distance a l’épaisseur d’un classique du style. Avant d’aller au turbin, le concert avec tout d’un bon amuse-bouche.

Vinrent ensuite le black metal de Tombs, groupe de Nouillorc (une ville pas particulièrement connue pour sa scène black), âpre et puissant aux relents de post-metal, puis le très convaincant folk metal épique de Månegarm, rehaussé de violon.

Les deux précédents jours nous ayant littéralement fait les pieds, il était plus sage, à l’heure du cagnard accablant et après avoir déjeuné, d’aller se réfugier à l’ombre de l’espace VIP pour se refaire des forces avant une soirée copieuse. L’extraordinaire férocité de la voix d’Alissa White-Gluz, qui a remplacé en 2014 Angela Gossow au micro d’Arch Enemy, nous tire de la sieste. Diffusé en direct sur l’écran géant de l’espace VIP, le concert sur le Main Stage II montre toute la solidité d’une formation classique parmi les classiques dans le death metal mélodique.

Direction l’espace Valley pour le concert de Baroness, réduit en formation trio. Au lieu du metal psychédélique qui a fait la réputation du groupe, le groupe de John Baizley a déroulé un concert plus ambient, acoustique, rehaussé de clavier – et des compositions parfaitement envoûtantes.

C’est ensuite sur le Main Stage II qui a assuré la dure mission de jouer avant le colosse Iron Maiden. Le set, constitué de l’essentiel des classiques du groupe de Seattle (Man in the Box, un superbe Nutshell, Again, Rooster, Would?…), a été repris par une partie de la foule, particulièrement compacte, dont une bonne partie n’était là que pour la tête d’affiche britannique. Et carton jaune, d’ailleurs, à tous les gugusses bornés, qui égoïstement posés leur chaise dépliable, privatisé en sorte des espaces au milieu de la foule, dans une totale indifférence aux autres spectateurs comme aux groupes qui jouaient sur scène. Il y avait quelque chose de pathétique à observer comment, tandis que jouait Alice in Chains, des quinquagénaires et sexagénaires fanatiques de la bande à Bruce Dickinson s’excitaient comme des adolescents en comptant à rebours l’heure d’arrivée de leurs idoles, à renfort de selfies…

Pris dans une foule extrêmement dense, nous nous éloignons pour respirer, avant un concert qui s’annonce copieux, le plus long du festival : deux heures particulièrement spectaculaires, comme le laissent deviner les décors installés durant la prestation d’Alice in Chains. En nous retirant du front pour un repli vers les lignes arrières, on prend la mesure de l’étendue démente du public. Quelque 60 000 spectateurs étaient annoncés pour cette dernière journée et, sans aucun doute, les trois quarts étaient-ils présents, dans cet à-perte-de-vue pour l’incroyable show. Au point qu’il en était même un peu triste de voir, sur les écrans surplombant l’entrée des espaces Altar et Valley, At the Gates et Kadavar, groupes pourtant très bons, jouer au même moment. Mais la bande à Bruce Dickinson a déroulé un concert dément, déroulant son interminable répertoire de tubes (de Aces High, qui a ouvert le concert, The Number of the Beast, The Trooper ou Where Eagles Dare à Hallowed Be Thy Name et Run to the Hills qui ont conclu le rappel) sur fond d’une mise en scène carnavalesque jusqu’au kitsch, mais captivante de part en part. Réduits à regarder le spectacle sur un écran géant comme la majorité du public, on savoure ce qui est sans le moindre doute la toute meilleure performance – mais tellement hors-catégorie, il est vrai – de cette treizième édition. La succession de décors, de déguisements et d’ambiance, ajustés aux effets pyrotechniques des décors en divers points du site, la théâtralité sans égal du leader d’Iron Maiden, la cascade de riffs délirants et de paroles épiques repris à gorge déployée par la foule, la voix même d’un Bruce Dickinson d’une maîtrise parfaite : on ne voit pas trop quel groupe irait chasser sur ce terrain, à défaut d’excellence, à tout le moins de grandiloquence.

Une large partie de la foule reflue sitôt les rappels conclus. Le temps d’apprendre, avec la visite surprise de Joey DeMaio en personne, la présence en 2019 de Manowar en tête d’affiche… puis celles de Slayer, Dropkick Murphys, Mass Hysteria et Carcass. De solides contributions, en attendant les noms suivants qui viendront au fil des mois.

Tant pis pour le bouffi Marilyn Manson, le ventre demande sa rançon. Le déferlement des spectateurs a vidé les stocks et nous voilà contraints de manger de dérisoires falafels et un riz mal cuits. Au loin, la classique reprise du Sweet Dreams d’Eurythmics résonne. Tant pis, nous optons, avant que la fatigue nous cueille, pour les Français d’Amenra dans l’espace Valley, dont le post-metal assez classique, alterne accalmies inquiètes et riffs dévastateurs. Les jeux de lumière et de fumée, la projection d’images mystérieuses en fond de scène ajoutent un surcroît d’atmosphère à une musique elle-même aussi physique et tripale qu’onirique.

Tant pis pour Nightwish, Carpenter Brut et Turbonegro, qu’on entendra résonner au loin en repartant par les vignes (et tant pis aussi pour tous ceux qu’il n’aura pas été possible de voir – les brillants Au-Dessus, Sólstafir, Bad Religion, Church of Misery, Orange Goblin…) : cette orgie sonique excède la satiété des plus affamés. Tirez le rideau, chapeau les artistes, vive le Hellfest !

Textes et Photos : Mikaël Faujour

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