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[Live report] College au Nouveau Casino : lorsque les synthétiseurs samplés et les sonorités 80’ (re)prennent le pouvoir

[Live report] College au Nouveau Casino : lorsque les synthétiseurs samplés et les sonorités 80’ (re)prennent le pouvoir

10 July 2013 | PAR Bastien Stisi

College - HeritageLa plupart, on peut largement le concevoir, étaient exclusivement venus recevoir dans le cœur et dans les tympans l’immense tube « A Real Hero », balade synthétique et chevaleresque largement diffusée par l’intermédiaire de la bande originale de Drive. Les autres, plus encore, étaient venus célébrer hier soir au Nouveau Casino la noblesse superbe et désuète des années 80 et de la « nostalgic music », portée par la fougue experte de David Grellier et du projet College

Une épaisse verdure clairsemée aux quatre coins de la salle, des ballons multicolores dans les cieux pour rappeler la dénomination du festival organisateur de la soirée (le très pointilleux Colors Music Estival), des habits d’apparat pour le Nouveau Casino et un curieux émule de Kraftwerk en guise d’introduction venu faire virevolter dans l’éther sonorisé du lieu une musique de martiens qui auraient atterri sur Terre il y a une trentaine d’années pour venir célébrer dans les recoins les plus obscurs de la galaxie le règne des synthés samplés…Le tube ultime d’Hyboid (le blaze du bonhomme) s’appelle justement « Martians Do It Better », efficace morceau de synthpop cosmique chevauchée par une voix robotisée, qui parviendra à faire se mouvoir avec frénésie les épaules et les bassins de quelques adeptes, sans doute élevés jadis par des envahisseurs spatiaux aux drôles d’antennes tout autant que par les productions du label germanique Astro Chicken Records, justement créé par Hyboid, référence impeccable en matière de musiques de cosmonautes.

https://soundcloud.com/hyboid/hyboid-martians-do-it-better

Dans le dos de l’artiste, des images rappelant le kitschissime absolu des années 80 (de jolies filles avec d’épaisses chevelures, des planètes aux coloris contestables, de curieuses créatures non identifiées…) défilent abondamment et avec alternance, processus cinétique enjoliveur qu’utilisera de la même manière David Grellier lors de sa prise de relais scénique et durant l’intégralité de son set électronique (on notera ici la collaboration de The Zonders et AWI pour les animations).

Camouflé pour l’occasion derrière un quatuor d’ordinateurs et derrière le camouflet de College, la moitié homme et barbue des Sexy Sushi s’évertue depuis une demi-douzaine d’années à remettre au goût du jour la culture et les sonorités des années 80, revival obsolète et assumé véhiculé par son activité au sein du collectif Valerie (qu’il a créé et qu’il dirige) ainsi que par l’élaboration d’une belle discographie complétée cette année par un troisième album (Heritage), portée par un tube éponyme rêveur et numérique.

Le public aura beau scander avec véhémence le nom des « Sexy Sushi », et inviter sa partenaire déjantée Rebeka Warrior, évidemment présente dans la fosse, à monter rejoindre l’artiste sur scène (« j’suis en vacances, j’aurais pas été payée », nous dira-t-elle plus tard…), Mitch Silver/David Grellier/College se chargera lui-même d’alimenter un set parfaitement enchaîné et maitrisé de bout en bout.

Si la candeur numérique et volontairement adolescente de la plupart des morceaux (« White Mosaic », « Revelation », « The Energy Story »…) contraste d’ailleurs considérablement avec l’ambiance viscéralement punk qui macule ses compositions pour les Sexy Sushi, d’autres productions, parfois techno, parfois house, toujours dandinantes, viennent au contraire rappeler les influences machinales et transcendantes que l’artiste évoquait à nos côtés il y a quelques semaines, comme l’apogée de palpitations épileptiques engendrée par les synthés factices de l’épidermique « Teenage Color ».

https://soundcloud.com/college/college-teenage-color

Enfin satisfait dans son attente mainstream avec l’arrivée de la voix samplée d’Electric Youth et de la délicatesse aérienne et terrienne de « A Real Hero », le Nouveau Casino pourra alors rappeler à plusieurs reprises College sur scène et à ses préoccupations synthétiques, et conclure la dextérité parfaite de la performance du producteur par une longue et belle acclamation. Une heure et demie au coeur des années 80, et une virulente envie d’élargir nos frocs, de laisser pousser nos cheveux, et de s’enivrer à grands coups de synthés et de nappes électroniques parfaitement agencées. Glory eighties.

Visuel © : pochette de Heritage de College

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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