Danse
El Djoudour : quand les racines sont le métissage

El Djoudour : quand les racines sont le métissage

10 July 2013 | PAR La Rédaction

Sans titreEl Djoudour signifie en arabe « les racines », c’est aussi le titre de la nouvelle création du chorégraphe Abou Lagraa, Français d’origine algérienne dans le cadre d’une coopération entre sa compagnie, La Baraka, et le Ballet contemporain d’Alger. Le métissage est d’emblée une composante du ballet qui après plusieurs dates, dont la première a eu lieu pour le lancement de Marseille-Provence 2013, termine sa tournée par deux représentations dans l’Odéon des Nuits de Fourvière, à Lyon.

Plus que de racines, il y est question de métissages. Entre une musique traditionnelle et des compositions contemporaines : le ballet s’ouvre sur les chants de la chanteuse berbère Houria Aichï présente sur scène. Elle réapparaîtra à plusieurs reprises comme une mère consolatrice :  quelques danseurs iront trouver l’apaisement dans ses bras. C’est aussi, évidemment, un métissage entre danseurs issus d’écoles et d’autres venus des rues d’Alger, à l’origine du Pont Culturel Méditerranéen créé en 2010 comme un programme triennal de coopération franco-algérienne en faveur du développement de l’art chorégraphique. Mais le premier de ces métissages, à la vie comme à la scène, symbole en premier lieu de la vie, c’est celui de l’homme et de la femme. Dans cette chorégraphe, Abou Lagraa nous montre la difficulté d’arriver à ce métissage et l’opposition entre hommes et femmes est peut-être la mieux à même d’incarner la difficulté à rassembler du différent.

 

http://liveweb.arte.tv/fr/video/Abou_Lagraa_presente_El_Djoudour_Theatre_National_Chaillot/

L’intégralité du spectacle « El Djoudour » sur le Arte Live Web

 

Et il faudra attendre toute la longueur du spectacle pour les voir réunis, ces huit hommes et ces huit femmes. Auparavant ils se font face, d’abord strictement séparés, ils ne dansent pas ensemble comme s’ils se livraient à une démonstration à tour de rôle pour savoir qui peut dominer l’espace de la scène. Quand c’est au tour des hommes, leur démonstration de force reprend les gestes d’un haka. Puis les corps finiront par se rapprocher, brusquement, par des mouvements amples et vifs. Ces corps ne semblent pas maîtres d’eux-mêmes, des pulsions les animent et les attirent les uns vers les autres. Un danseur est bringuebalé, perdu dans des féminités puissantes, des danseuses inscrites dans des triangles dessinés par la lumière au sol. Puis c’est au tour d’une danseuse désarticulée de se laisser manipuler par les hommes.

 

Dans la chorégraphie, tout s’apaise, les hommes dansent avec les femmes, ils se reconnaissent et se soutiennent même s’ils ne se comprennent pas. A ce moment-là, la terre conservée jusqu’à présent dans des tonneaux qui encadraient la scène est renversée au sol, les danseurs et danseuses la prennent à pleine poignées pour se mouvoir dessus. C’est en retrouvant l’origine, la terre, les racines, « El Djoudour », que l’harmonie enfin se fait.

 

Claire Teysserre-Orion

 

 

Infos pratiques

« El Djoudour », une création 2013 d’Abou Lagraa

Dernières représentations de « El Djoudour », les 8 et 9 juillet dans le cadre des Nuits de Fourvière

Durée : 1h10 sans entracte

Plus d’information sur le site de la compagnie La Baraka

 

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