Ma Grand-mère russe et son aspirateur américain de Meir Shalev: L’incroyable histoire du “sweeper” de Nahalal
Meir Shalev, écrivain et journaliste israélien est l’auteur de romans, d’essais et de livres pour la jeunesse. Son œuvre est actuellement traduite dans plus de vingt langues. Son roman Le Pigeon voyageur a reçu, en 2006, le prix Brenner, l’un des prix littéraires israéliens les plus prestigieux. Ma grand-mère russe et son aspirateur américain vient de paraître en France aux éditions Gallimard. L’auteur y reste attaché à ses thèmes de prédilection : les souvenirs et les origines.
Au début du 20ème siècle, quittant la Russie après la révolution d’octobre, la famille de Meir Shalev s’installe en Palestine, au mochav de Nahalal, une coopérative agricole de Galilée. Mais la famille compte un dissident. Celui qui a préféré s’exiler au cœur du capitalisme américain : l’oncle Yeshayahou qui, comble de la honte, se ferait désormais appeler « Sam »…
Pour se racheter une conscience ou par simple bonté de cœur, l’oncle américain envoie des dollars à la famille, dollars jamais acceptés et toujours renvoyés. Alors décidé à taquiner son frère, il envoie par delà les mers, un aspirateur ultra moderne nommé « sweeper » à sa belle-sœur Tonia, connue et reconnue pour son obsession de la propreté. Un “sweeper” à Nahalal ! Voilà de quoi alimenter les discussions sur plusieurs générations !
Attisant toutes les curiosités, l’aspirateur américain, trop gros pour être renvoyé à son expéditeur, va devenir un personnage central de l’histoire familiale. Enfermé à double tour dans une pièce de la maison, rares sont ceux qui ont pu l’admirer de près ! Mais pourquoi Tonia ne s’en est jamais servi, elle qui était un véritable tyran ménager ? Pourquoi personne n’avait le droit de le regarder ? L’aspirateur a un secret et Meir Shalev s’attela toute son enfance à le découvrir !
Au fil des pages, Meir Shalev nous raconte la vie de ses oncles et de ses tantes, celle de ses parents, son enfance à Jérusalem, les vacances à Nahalal. En mêlant ses souvenirs personnels aux rêveries de l’écrivain, les petites histoires à la grande, Meir Shalev nous embarque dans une émouvante épopée. Drôle, remplies d’anecdotes, l’histoire est aussi illustrée de plusieurs photos de famille, vestiges d’une époque révolue.
Mais au delà de la saga familiale et de l’hommage rendu à Tonia, Ma grand-mère russe et son aspirateur américain est aussi un véritable témoignage sur la naissance de la société israélienne. En suivant les pionniers venus d’ailleurs, fervents défenseurs du socialisme sioniste auquel ils aspiraient, Meir Shalev dépeint avec tendresse et nostalgie une des multiples facettes de l’histoire du Moyen-Orient. Une histoire qui n’a pas finit de s’écrire.
Si vous souhaitez rencontrer Meir Shalev, sachez qu’il présentera son livre au Musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris à l’occasion du Festival des cultures juives, le mercredi 19 juin 2013 à 19h30.
« L’existence à Nahalal était épouvantable : pour un travail exténuant, les revenus étaient quasiment nuls et outre la triste réalité de l’hiver, la boue constituait la parfaite illustration du reste de l’année. Nombre de familles, y compris la nôtre, vivaient dans le plus grand dénuement. Pourtant, grand-père Aharon était loin d’apprécier le généreux présent fraternel. Au contraire, il se sentait humilié jusqu’aux tréfonds de son être. Des dollars américains ?!! Lui qui avait émigré dans la patrie ancestrale pour assécher les marais, creuser les premiers sillons, planter et semer, il ne toucherait pas à cet argent capitaliste et diasporique. »
Ma grand-mère russe et son aspirateur américain de Meir Shalev
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Editions Gallimard – Parution: 31 mai 2013
238p. Prix: 18,90€
ISBN: 978-2-07-013114-3
