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“Plein soleil” de René Clément, une restauration irradiante

“Plein soleil” de René Clément, une restauration irradiante

05 June 2013 | PAR Fatima-Ezzahrae Touilila

“Plein soleil” (1960), l’opus de René Clément, inspiré du roman “Monsieur Ripley” de Patricia Highsmith, revient sur nos écrans, dans une version restaurée. 

 Tom Ripley (Alain Delon) est investi d’une mission: ramener Philippe Greenleaf (Maurice Ronet) au domicile familial.  Mais ce  dernier   s’entête à rester à Rome auprès de sa maîtresse Marge (Marie Laforêt). Très vite, Tom Ripley qui suivait en petit frère attentif les folles escapades de Philippe, et souffrait sans broncher  ses humiliations, profite de leur isolement en mer, pour l’assassiner, et reprendre l’identité du riche héritier.

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Dans les terrasses baignées de lumière de la ville éternelle, deux jeunes hommes à la peau halée,  discutent joyeusement, entre les défilés de jupes plissés et les allées et venues de serveurs maniérés. La restauration sublime les images, irradie la salle obscure,  berce d’une lumière idyllique ce qui  s’annonce comme une romance ensoleillée, une version enjouée et colorée de  “Vacances Romaines”. Comme deux frères rieurs et plus  qu’éméchés,  Alain Delon et Maurice Ronet quittent la terrasse bras dessus, bras dessous, parcourant les rues comme à la recherche de quelque bonne farce, qu’ils finissent par trouver en la canne d’un mendiant aveugle.  Quelques minutes plus tard les voilà comme deux chiots assoiffés s’engouffrant dans les rondeurs d’une élégante blonde en calèche. On se laisse emporter dans ce tourbillon d’innocente  gaieté, enivrer par ce parfum d’été, de soleil, de douceur qui envahit la salle.

Delon et Ronet  sont charmants, charmeurs dans leur bonhomie juvénile, entourés de belles blondes vénitiennes. La caméra les suit  dans leur joyeux parcours à travers la Rome classique, truffé d’insouciance, au son  de la délicieuse bande-son imaginée par Nino Rota, entre les salles de ballet où s’étirent danseuses, sculptures et fresques, interminables colonnes de marbres, or chaleureux des peintures de Fra Angelico. Puis les voilà embarqués dans un voilier à la blancheur éclatante, le leitmotiv marin en devient alors obsédant, une Méditerranée plus bleue que jamais, dont la houle emprunte le même mouvement que celui des muscles torsadés des deux jeunes hommes paresseusement installés sur le pont, alors que Marie Laforêt s’étire langoureusement dans sa marinière écarlate.

Un leitmotiv séduisant mais qui tourne vite à la monographie lassante  alors que l’action s’étire infiniment, comme ronronnante  sous les caresses du soleil aveuglant. La romance tourne au mélodrame, puis au polar, Tom assassine Philippe au terme d’une partie de cartes sous les rayons infatigables, sans que l’on sache trop pourquoi. La mer se réveille et le bateau est pris en pleine tempête, Delon se débat, avec une nonchalance à peine voilée, contre les éléments qui le châtient pour son crime. Et puis le voilà de retour sur la terre ferme, en imposteur, calculateur froid,  puis en assassin manipulateur, sans que l’on sache trop pourquoi, encore une fois. Peu crédible, puisque rien ne semble annoncer ni justifier cette  métamorphose, et que Delon lui-même semble ne pas trop y croire, installant le personnage dans une espèce de schizophrénie hasardeuse.

Le scénario est désespérément pauvre, jonché de scènes stéréotypées et sans cohérence, aucune, ponctué de réflexions métaphysiques creuses. Les acteurs, si ce n’est le sourire dévastateur de Romy Schneider qui fait une très brève apparition, sont peu convaincants. Marie Laforêt, la prétendue femme autour de laquelle se tisse le drame, est loin de susciter un enthousiasme emphatique entre deux  crises de  larmes enfantines. Romance manquée qu’annonce un Delon narcissique, polar détendu malgré toute la bonne volonté de la bande-son, la version  restaurée de “Plein Soleil” ne démérite pourtant pas à  relever l’esthétique irradiante de l’opus.

En Blu-ray et DVD: le 2 juillet

En salle: le 10 juillet

Visuel: (c) affiche du film

 

 

 

 

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