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Arras Film Festival Jour 1 : le cinéma Scandinave donne le ton

Arras Film Festival Jour 1 : le cinéma Scandinave donne le ton

15 November 2013 | PAR Hugo Saadi

Toute la culture a quitté la grisaille parisienne en ce jeudi matin pour se retrouver sous le léger soleil d’Arras. Depuis le 8 novembre, la ville accueille la 14ème édition du Arras Film Festival, où se retrouvent professionnels et amateurs autour d’une grande sélection de films mêlant cinéma d’hier et d’aujourd’hui. Après une première semaine composée d’avant-premières, d’hommages et de rétrospectives, ce jeudi 14 novembre marquait le début de la compétition officielle. Toute la Culture a donc posé ses valises sur la Grand’ Place d’Arras qui vit au rythme des allers et venues des spectateurs et journalistes.

Cette année ce sont neuf films qui espèrent obtenir l’Atlas d’or (Grand prix du Jury) ou encore l’Atlas d’Argent (prix de la mise en scène) décerné par le jury Atlas présidé par le réalisateur Philippe Faucon. À ses côtés on retrouvera Corinne Masiero, André Wilms, Geoffroy Grison et Anna Novion. Comme chaque année ce sont les pays d’Europe de l’Est et du Nord qui sont mis en avant, le festival en ayant fait sa spécificité éditoriale. Qui pour succéder à « Teddy Bear » du danois Mads Matthiesen, vainqueur l’année dernière du grand prix du jury ? La réponse dimanche soir !

svecenikova_djeca_plakat_aMais en attendant le palmarès on entame la compétition européenne ce jeudi après midi avec un film croate : « The Priest’s Children » réalisé par Vinko Bresan. Première séance en compagnie des différents jurys où l’actrice Corinne Masiero (« Suzanne ») a reçu une belle ovation par le public lors de la mention de sa participation en tant que membre du jury. C’est dans une salle comble que s’ouvre la compétition. Présenté comme LE film décalé de toute la sélection européenne, « The Priest’s Children » séduit pendant la première partie mais patine par la suite. Le film démarre sur fond de cris de nouveaux-nés, la caméra les passe en revue un à un pour finalement s’arrêter sur un homme. Il s’agit du père Fabijan (Kresimir Mikic), tout de blanc vêtu. Il s’apprête à faire une confession sur ce qui vient de lui arriver. On repart donc en arrière pour revivre avec lui tous les événements qui l’ont mené dans cet état là : barbu et le regard vide. Le film raconte alors les aventures tragi-comiques de ce prêtre prêt à tout pour mettre en pratique la volonté de Dieu sur une ile de la Dalmatie où la mortalité est bien plus supérieure à la natalité. La première partie du film raconte les différentes techniques qu’il va user pour redresser cette statistique amenant à de nombreuses scènes comiques qui fonctionnent plutôt bien, on pense notamment à la représentation des pensées du prêtre concernant les questions sexuelles. Mais une fois le stratagème mis en place, le film plonge dans une surenchère de gags et de péripéties qui perturbent le rythme et perdent le spectateur. On passe de la comédie au drame en l’espace de quelques instants puis vice-versa et enfin le réalisateur délaisse sa galerie de personnages (du postier au policier en passant par l’instituteur ou le maire) qui rendait agréable la première partie. Les applaudissements ont été mesurés à la fin du film et cette même gène a été ressentie par les autres journalistes. On ne se laisse pas abattre par ce premier film en demi-teinte et nous partons grignoter quelques petits fours tout en buvant une coupe de champagne.

69_53564Cap sur l’Europe du nord cette fois-ci avec deux films scandinaves au programme. Le premier « Chasing the wind » du norvégien Rune Denstad Langlo comte le retour d’Anna (Marie Blokhus) en Norvège, sa terre natale, suite au décès de sa grand-mère. Dix ans, c’est le temps qui sépare son dernier voyage de celui-ci, la femme s’est alors éloignée de sa famille et les retrouvailles avec son grand-père ne se font pas dans la gaieté. Durant tout ce séjour, elle va renouer avec son passé et découvrir des secrets de famille qui vont la pousser à reconsidérer ses propres choix. Un film touchant et poignant où les décors naturels sont magnifiques (une très belle photographie dû à une lumière présente 22h par jour) et les acteurs à un haut niveau. Les ¾ des festivaliers ne seront pas du même avis, la salle se vide après le générique de fin alors que le réalisateur norvégien commence à parler. Il avoue être « très nerveux » au point où il ne pouvait pas rester pour visionner le film. Ce fut un véritable défi pour lui car, il s’agit d’un film très personnel. En effet, il relate sa propre histoire, ses propres souffrances face à la mort de ses parents et grands-parents. On peut comprendre que le film puisse laisser certains spectateurs sur le bas-côté car, « Chasing the wind » n’est pas un film très bavard et est plutôt lent, en témoignent les quelques ronflements qui se font entendre durant la projection.

DiscipleEnfin on termine la journée avec « The Disciple » de la finlandaise Ulrika Bengts, absente ce soir en raison de la nomination de son film dans la catégorie du meilleur Oscar Étranger pour représenter la Finlande (Los Angeles a donc pris le dessus sur Arras!). Nous avons donc le plaisir de découvrir Robert Nordstrom, le directeur de la photographie sur le film. « The Disciple » se déroule en 1939 sur une ile isolée de la mer Baltique. Karl (Erik Lonngren), un jeune garçon de 13 ans y débarque pour travailler comme apprenti auprès du gardien de phare. Très vite, Karl et Gustaf (Patrik Kumpulainen), le fils du gardien, se lient d’amitié, mais quand le père de ce dernier devient de plus en plus proche de Karl, une rivalité va naitre. Ce père tyrannique va détruire la famille et faire s’opposer les deux jeunes garçons livrant un final de toute beauté. « The Disciple » est un véritable huis-clos où chaque espace devient un repère pour le spectateur (le phare, la grange, le sauna, le grenier) qui se noue d’affection à cette famille tiraillée par le père. Comme pour le film précédent, la photographie joue un rôle majeur dans la réussite du film, les plans au naturel magnifient le long métrage et les performances des acteurs lui donnent toute sa splendeur. Le directeur de la photographie nous raconte par la suite qu’une partie de l’équipe vivait dans un bateau tandis que l’autre campait sous des tentes sur cette ile où plus personne ne réside depuis la fin des années 1950 (l’électricité n’était donc pas présente pour le tournage)! Une journée qui est donc montée crescendo en qualité et où le cinéma scandinave a donné le ton pour les prochains jours. Au programme de la journée de demain, excursions en Roumanie, en Slovaquie et en Allemagne !

Visuels (c) Hugo Saadi

(c) affiche des films The priest’s children / Chasing the wind / The disciple

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Hugo Saadi

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