
La folle journée de Nantes : l’heure exquise
Toujours aussi attendue, la Folle Journée revient pour la 19ème édition afin de retracer un vaste panorama de la musique française et espagnole de 1850 jusqu’à nos jours, soit de Georges Bizet à Pierre Boulez, avec un accent mis sur ce qui constitue véritablement l’âge d’or de la musique “classique” française : des années 1870 aux années 1940.
Depuis sa création par René Martin, La Folle Journée a montré qu’il est possible de renouveler l’approche de la musique classique, en répondant aux attentes des mélomanes les plus avertis, mais aussi de celles d’un très large public. Engagée dans la médiation culturelle, la Saem La Folle Journée développe ainsi en dehors du temps festivalier un plan d’actions destinées à des publics spécifiques.
Comme toujours les amateurs ne sauront plus où donner de la tête tant la programmation est variée et beaucoup souhaiteront posséder le don d’ubiquité pour pouvoir assister à plusieurs concerts en même temps, il n’est pas rare que dix concerts et conférences soient organisés aux mêmes horaires dans des lieux très éloignés allant de 80 places à près de 2 000 places. Imaginez, 316 concerts différents (plus encore que l’année dernière) en seulement 5 jours. Pas étonnant que la programmation débute parfois à 9h du matin pour ne s’achever que tard dans la soirée.
Les années 1850 marquent la fin du romantisme en musique. C’est le moment du renouveau de l’opéra français avec le succès de Carmen de Bizet. C’est également le début d’une ère musicale nouvelle tant dans le domaine de l’écriture orchestrale que dans celui de l’art vocal avec la mélodie. Pensée en couleurs et en dissonances douces, épurant les lignes mélodiques et assouplissant les formes, cette musique toute de subtilité et de raffinement ouvre la voie aux deux compositeurs les plus novateurs au tournant du siècle : Claude Debussy et Maurice Ravel, qui renouvellent en profondeur le langage musical et préparent les grandes conquêtes à venir. C’est aussi une époque étonnamment fertile qui voit se côtoyer à Paris, la “ville Lumière”, les figures les plus marquantes du monde artistique : peintres, poètes, musiciens au premier rang desquels les compositeurs espagnols Albéniz, Manuel De Falla et Granados, venus étudier dans la capitale et qui exercent à leur tour une influence profonde sur les musiciens français ; c’est aussi tout ce climat d’effervescence et d’émulation artistique dont la Folle Journée 2013 se fera l’écho. On glisse doucement vers les Années Folles et l’apparition du jazz, importé d’outre-Atlantique source d’inspiration nouvelle des compositeurs hexagonaux. Puis c’est l’éphémère groupe “Jeune France”, fondé par quatre musiciens partageant la même vision humaniste de l’art et auquel appartient Olivier Messiaen, qui témoigne à la fin des années 1930 de la vitalité de la création musicale française ; auteur du célèbre Quatuor pour la fin du temps, écrit en captivité, Messiaen devenu professeur au Conservatoire de Paris influencera durablement toute une génération de compositeurs, parmi lesquels Pierre Boulez.
Une chose est sure, amateurs ou mélomanes, tous les goûts seront comblés avec une programmation aussi riche et complète.
Visuel : affiche de l’évènement