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Yves Saint Laurent rive gauche- La Révolution de la Mode

Yves Saint Laurent rive gauche- La Révolution de la Mode

04 March 2011 | PAR Avela Guilloux

La Fondation Pierre Bergé-Yves St Laurent consacre sa 15ème exposition dans ses espaces de l’avenue Marceau à la marque de prêt-à-porter St Laurent Rive Gauche. Près de 70 modèles sont présentés dans une scénographie qui reprend le décor de la première boutique inaugurée rue de Tournon en septmebre 1966. A travers cette exposition, Pierre Bergé et Loulou de la Falaise nous montrent comment Yves St Laurent a accompli un acte social et politique fort, en phase avec toutes les femmes de son époque.

Yves Saint Laurent aura été le premier couturier a ouvrir une marque d prêt-à-porter à son nom. La première boutique, parrainée par Catherine Deneuve, ouvre le 26 septembre 1966 au 21 rue de Tournon. C’est une révolution. A l’écoute des femmes qui ont commencé à revendiquer leurs droits,  résolument ancré dans son époque qu’il adore, Yves Saint instaure en créant Rive Gauche un dialogue permanent entre les femmes et lui, entre la rue et lui.

“A bas le Ritz…vive la rue !”

Le choc bouleverse toute l’histoire de la mode. Yves St Laurent propose un mode autonome, non calquée sur les modèles haute couture, aux prix nettement plus accessibles . Il souhaite ” rompre avec cette idée de la couture en tant qu’image unique de la mode. La mode c’est ce qui se porte. C’est la grand-place, non le cercle fermé”. Il sait tenir compte dans son travail des contraintes de la fabrication industrielle, il y plie sa créativité. Son rêve : la beauté pour tous, qui toiserait l’injustice de la haute couture en courant vers la rue.

” Ce que je voudrais c’est vraiment être Prisunic”.

Il emprunte aux hommes les uniformes qui leur étaient jusque-là reservés ( caban, trench, saharienne, costumes, capes) et les adaptent aux vestiaire des jeunes femmes libres et actives, pour les habiller ” du matin à l’aube”.

Une oeuvre résolument contemporaine, nullement tournée vers le passé, qui capte l’importance du moment.Peu de couturiers ont su rester autant à l’écoute de leur époque.

L’exposition reconstitue la boutique telle qu’elle était à l’époque : on y retrouve les bancs Djinn dessinés par le jeune designer Olivier Mourgue, les lampes de l’artiste japonais Noguchi et une reproduction du portrait en pied d’Yves Saint Laurent peint par Eduardo Arroyo, un des fondateurs  du mouvement de la figuration narrative qui a fui l’Espagne franquiste en 1958. La scénographie de Christophe Martin permet de saisir la fabuleuse modernité du travail du couturier. La musique qui habille l’exposition des sonorités de l’époque ( Gainsbourg, Beatles, Rolling Stones) ne fait qu’accroître cette impression que nous déamulons à travers des objets et vêtements qui ont réellement participé à la libération de la femme et au grand bouleversement de la société.

L’exposition permet de saisir l’importance de l’héritage laissé par le couturier. On est saisis par l’actualité des pièces présentées : la saharienne déclinée sous toutes ses formes, le coton fermier, le jean, les capelines, le fameux smoking….des pièces qui ont ait ré^ver nos mères et grands-mères, et qu’aucune de nous ne taxerait de “démodée aujourd’hui. Au contraire, ces pièces intemporelles, fort recherchées, ont  toute  leur place dans nos garde-robes. C’est également le cas des accessoires, bijoux et chaussures.

En sortant de l’exposition, les amoureux de la mode ont des question plein la tête : Qu’y avait-il avant St Laurent ? Et quel couturier aura su le remplacer? Qui a su à ce point mêler amour de la mode, écoute de son époque, création et volonté de démocratisation ? Au-delà de l’art et de l’artisanat, il avait saisi les aspirations des femmes, et avait su les accompagnées sur le chemin de leurs revendications. Quand la mode d’aujourd’hui se montre de plus en plus réservée à une élite dont peu  font partie, il est bon de se souvenir de ce grand monsieur, qui a su défendre une autre idée du luxe.

” Les femmes de St Laurent sont sorties des harems, des chateaux et même des banlieues. Elles courent les rues, les métros, les Prisunic, la Bourse”. Marguerite Duras

Nous, on sort  de la Fondation Pierre Bergé en pensant que décidément, de tels créateurs manquent cruellement à notre époque.

 

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Avela Guilloux

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