Diane de Beauvau-Craon et Gloria von Thurn und taxis, muses de Virginie Viard pour Chanel
Pas de décor grandiose au sein du Grand Palais. Encore moins de foule massée sur les trottoirs alentours. La présentation de la collection Haute Couture automne-hiver 2020/2021 de Chanel s’est faite en ligne, depuis le calendrier officiel mis en place par la FHCM en raison de la crise sanitaire qui continue de sévir. Entre insouciance, sophistication et opulence, la directrice artistique de la maison s’est immergée dans l’ambiance des soirées parisiennes dans les années 70/80 dont la coterie du Kaiser était très adepte.
Du noir et blanc émergent des couleurs vives. Jour et nuit semblent alterner au rythme effréné des flashs stroboscopiques. Les mannequins dansent, rient, apparaissent lorsque l’on ne s’y attend pas. Un vent d’insouciante jeunesse souffle sur la collection Haute Couture proposée par Virginie Viard au travers de cette vidéo d’1min22. La maison du 31 rue Cambon avait déjà présenté par le biais d’un court-métrage sa collection Croisière au cours du mois de juin. Malgré un changement de format notoire avec une vidéo de quelques secondes, Virginie Viard a réussi à mettre en scène quelques looks de la collection parmi les 30 réalisés au sein des ateliers, bien loin des tenues sages de la saison précédente faisant référence à l’enfance austère de Gabrielle Chanel. Cette fois, il est question de sophistication et d’ostentation, le tout teinté d’un brin de romantisme et de liberté. “Je pensais à une princesse punk qui sortirait du Palace à l’aube”, a déclaré la directrice artistique de la maison dans le communiqué de presse de la marque. Difficile de ne pas penser à toutes ces soirées, cette ambiance dépeinte par Alicia Drake dans son livre “Beautiful People” paru en 2008. Mais surtout, impossible de ne pas penser à Diane de Beauvau-Craon, qui fut notamment l’épouse de Jacques de Bascher. En 1973, elle a 17 ans et arrive à Paris où la jeune aristocrate – dont l’arbre généalogique remonte à l’an 1000 – passe ses nuits au Sept, puis au Palace en compagnie de la coterie Lagerfeld. La drogue tenait alors une place importante dans ces innombrables virées nocturnes. Diane se confie à ce sujet, en ces termes, à Alicia Drake : “La seule drogue que je ne comprenais pas et que j’ai donc abandonné très vite, c’est l’héroïne – ce qui nous ramène à l’image et à la beauté. J’ai essayé, mais j’ai laissé tomber tout de suite, parce que je trouvais que ça rendait les gens laids ; l’héroïne assomme, rend malade, ce n’est pas très sexy. Et nous faisions tous très attention à notre image. La cocaïne vous donne l’impression d’être très intelligent, mais il est vrai que nous étions persuadés d’être effectivement des gens tout à fait supérieurs. Nous étions déséquilibrés par l’image que l’on projetait sur nous, par l’image que nous cultivions.”
Une collection imprégnée cette fois de l’univers du Kaiser et non plus de Coco : “Karl se rendait au Palace, il accompagnait ces femmes très sophistiquées et très habillées, qui étaient aussi très excentriques” précisera notamment Virginie Viard. En effet, Diane de Beauvau-Craon est loin d’être la seule à accompagner M. Lagerfeld dans les boîtes de nuit prisées comme le Sept ou le Palace. De riches héritières comme Paloma Picasso ou encore Gloria von Thurn und taxis ont également inspiré l’attitude donnée aux mannequins Adut Akech et Rianne van Rompaey à l’incroyable chevelure punk. Sous le regard de Mikael Jansson, la collection acquiert tout le charisme de cette époque remise au goût du jour. Les vêtements sont tout autant décontractés que sophistiqués, ce que prend grand soin de montrer Loïc Prigent dans son reportage sorti le 25 juillet sur les coulisses de la maison ! Accessoires de Haute Joaillerie, tweeds incrustés de strass ou de lamé, boutons-bijoux, velours frappé : la femme Chanel est bien loin de se laisser abattre en ces temps de crise.
Crédits : captures d’écran de la vidéo réalisée pour la présentation en ligne de la collection Haute Couture automne-hiver 2020/2021 de Chanel