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Neknominate, planking : quand le viral flirte avec le fatal

Neknominate, planking : quand le viral flirte avec le fatal

24 February 2014 | PAR Marie Boscher

Entre le planking et le neknominate, Internet regorge de phénomènes viraux qui se répandent dans le monde entier. Pensés comme des amusements plutôt triviaux, ils ont malheureusement atteint des limites dangereuses.

planking-375x280Tous deux apparus en Australie, le planking et le neknominate seraient responsables d’au moins 6 morts depuis leur popularisation sur les réseaux sociaux. Le planking, littéralement “faire la planche” en anglais, est très simple et en principe inoffensif. Il s’agit de s’allonger face vers le sol, bras plaqués le long du corps dans des circonstances inhabituelles.

Le neknominate quant à lui, est un peu plus dangereux puisqu’il implique l’ingestion rapide d’une dose d’alcool, sur la base du binge drinking. De l’expression anglaise “neck it” qui signifie “cul-sec” et de “nomination”, il est apparu dans une fête où un étudiant qui, après avoir descendu d’un trait une bière, a mis au défi un de ses camarades en lui disant “à ton tour maintenant“. Peu à peu, les jeunes australiens ont commencé à se nommer et à se filmer en train de boire puis à poster les vidéos sur les réseaux sociaux et la pratique s’est étendue aux autres pays du monde. Grâce aux pages Facebook officielles et aux sites dédiés, les phénomènes se sont très rapidement répandus sur Internet, notamment auprès des jeunes.

Sois cool et meurs peut-être (Be cool and die eventually)

Pour impressionner les camarades et être cool à tout prix, les jeunes rivalisent d’imagination pour s’illustrer dans ces pratiques. Des étudiants se sont notamment filmés en train de boire pendus par les pieds avec la tête dans la cuvette des toilettes, en train de surfer, ou encore en train de conduire et se sont photographiés en train de “plancher” dans des endroits insolites. C’est justement cette notion d’originalité qui a provoqué la mort d’au moins 6 personnes entre 19 et 29 ans. Des arrestations ou encore des licenciements ont eu lieu après que des personnes ont bu en train de conduire ou fait la planche sur leurs lieux de travail.

L’alcool est toujours plus associé à la fête et au “être cool”. Les jeunes commencent à boire de plus en plus tôt dans une sorte de rituel d’acceptation au sein du groupe, dans un esprit “si à 15 ans t’as pas eu ta première cuite, t’as raté ta vie“. Le fait de s’adonner aux jeux viraux 2.0 permet de faire parler de soi, de se faire connaître et d’entrer dans une dynamique de groupe de la même manière qu’en participant à des soirées, souvent alcoolisées. Le problème est d’atteindre les limites du fatal. Les neknom qui ont perdu la vie (5 à ce jour) se sont mis dans des situations dangereuses en ingérant en un temps extrêmement court (1 à 2mn) d’énormes quantités d’alcool, parfois mélangées à des produits toxiques comme du dégivrant, au lieu du verre de bière d’origine. Les plankers réalisent parfois leurs performances dans des lieux dangereux comme ce jeune homme qui est tombé du 7ème étage et a perdu la vie en faisant la planche sur une rambarde de balcon.

Les jeunes sont peu conscients des risques encourus. “J’ai été vraiment stupide” avoue Keiren Hunter, un étudiant de 19 ans qui a participé aux neknominations. Sa mère l’a retrouvé inconscient et couvert de vomi. Sa carrure solide de bûcheron l’a probablement sauvé d’une mort certaine. “Si j’avais su que des gens étaient morts en faisant ça, je ne l’aurais jamais fait“.

Le buzz oui, mais inoffensif 

Les pages internet officielles de ces phénomènes ont depuis appelé à la prudence dans la pratique des ces jeux, comme sur la page Facebook Neknominations qui a posté la semaine dernière “quiconque continue d’avaler des quantités absurdes d’alcool, des produits d’entretien, des substances toxiques ou tout autre chose qui n’a pas sa place dans le corps humain, écoutez attentivement : vous êtes un idiot !“. Le site français Bonjour Planking rappelle sur sa page d’accueil qu’il a été conçu avant tout pour amuser et déconseille fortement de prendre des risques pour lesquels ils ne sauraient être tenus responsables.

Mais d’autres idées émergent pour transformer le buzz en un acte drôle et innocent. Le Sud-Africain Brent Lindeque a en effet posté une vidéo où il joue à sa manière, en offrant un repas à un sans-abri et en invitant ses amis à réaliser des actes de bienveillance sur le principe des nominations.

Moins altruiste mais aussi drôle que le planking, le français Maxime Musqa a lancé le selflip dans Le Petit Journal de Canal+. Dans ces vidéos, il se filme en train de hurler au beau milieu de discussions anodines avec ses collègues afin de les surprendre et de provoquer leur hilarité. Lancé vendredi, le jeu est repris sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #selflip, de “selfie” (autoportrait) et “flip”.

Ces idées moins radicales que les propositions de certains internautes scandalisés qui proposent d’interdire l’alcool ou encore invoquent la “sélection naturelle” pour parler des jeunes morts à cause des jeux viraux, ne perdent pas de l’intention originelle des buzz d’Internet : rire et faire rire.

Visuels : © Plankinglol.com

Et le tableau chanta
Un épisode des Simpsons tout en Lego
Marie Boscher

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