Hadopi : retour en force
La loi Hadopi, si controversée, a finalement été adoptée. A l’Assemblée le 12 mai, elle a remporté 296 voix contre 233, plus une trentaine d’abstentions. Le 13 mai, elle n’a subi aucune discussion au Sénat, qui l’a votée en vitesse ; les sénateurs ne voulant plus alimenter la polémique. L’occasion pour la majorité de liquider définitivement le mécontentement, et d’en taire les raisons principales.
Encore une fois, Jack Lang fut le seul député socialiste à voter en faveur de la loi. Il symbolise cette nouvelle gauche conservatrice, aux côtés de Pierre Arditi et Juliette Gréco, qui défend une loi pourtant jugée inefficace et qui porte atteinte à la fois aux droits des internautes tout en favorisant outrageusement les grands labels. Une fois en vigueur, les maisons de disques pourront transmettre à la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet les adresses IP des internautes soupçonnés de télécharger illégalement. Drôle de paradoxe pour des artistes “de gauche” qui prétendent défendre la diffusion des nouveaux talents qui s’expriment sur Internet.
Pierre Arditi aime bien Hadopi
Voici la loi telle que nous devrons la connaître : en cas de téléchargement illégal, la sanction sera graduée : un mail, puis un mail et une lettre recommandée préviendront les internautes pirates, avant qu’ils ne voient leur accès Internet suspendu en cas de récidive.
Le débat semble encore ouvert, alors que le gouvernement, en la personne de Christine Albanel la ministre de la Culture, ont décidé de trancher au plus vite. Celle-ci a évité une mise à pied après l’échec du 9 avril, jusqu’à quand ? Le revers du premier vote n’est pas uniquement un accident ou un vaudeville socialiste. Il incarne les tensions et les réticences d’une bonne partie de l’opinion et des parlementaires, qui refusent de liquider la culture en adoptant une loi inefficace. De plus, le Conseil Constitutionnel doit valider la loi. Mais la récente approbation de la Commission européenne n’annonce pas une décision négative. Le sursaut viendra plutôt des internautes, décidés à contrer une loi votée sur les braises de leur colère ; et des artistes encore attachés à leur liberté de créer. C’est la lutte finale. Les internautes affirment au contraire que « le combat ne fait que commencer » et annoncent de nombreuses représailles à cette « victoire à la Pyrrhus. »
Jérémy Collado
One thought on “Hadopi : retour en force”
Commentaire(s)