Théâtre
Steven Cohen aux confins de l’humanité

Steven Cohen aux confins de l’humanité

28 October 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le festival d’Automne acceuille une nouvelle fois le performeur prodige Steven Cohen. Juif askenaze, homosexuel. Il a grandit blanc, en Afrique du Sud avec comme nourrice, Nomsa Dhlamini, noire, 90 ans aujourd’hui. Pour The craddle of humankind, présenté au Centre Pompidou jusqu’au 29 octobre, il delaisse les faux cils qu’il arborait dans le poignant Golgotha pour venir sur scène avec Nomsa aux frontières entre l’animanilté et l’humanité. Inégal.
On entre dans ce spectacle par une vidéo filmée de façon étonnante. La camera vacille un peu pour nous emmener dans The craddle of humankind, une grotte située à 40 km de Johannesburg considérée comme le berceau de l’humanité. Visite classique du parcours scolaire en Afrique du Sud, Steven Cohen a déjà vu ce lieu étant enfant. Toujours enfant, il était gardé par une nourrice, noire, solide. A l’occasion d’une performance, il descend avec elle dans ces entrailles et tous deux commencent à improviser un jeu. Steven Cohen fait alors corps avec un singe, dans une scène mêlant inceste, zoophilie et mysticisme. Cette scène sera rejouée sur scène, surement le moment le plus intense du spectacle où l’on retrouve Steven Cohen sur ses talons piédestaux.
Le passage au réel sur le plateau se fait par le biais d’une bulle portée par Steven Cohen, à plat, le visage talqué. Il s’enfonce dans ce globe tel un utérus et en sort, aidé par Nomsa. Ensuite, tous deux vont déambuler dans un respect et une bienveillance l’un envers l’autre. Golgotha parlait de la mort, The craddle of humankind est conçu comme une suite venant interroger le moment où l’homme est devenu bipède. L’allégorie de Monsa, si âgée, le dos courbé vient raisonner avec ces aller-retour incessants entre l’homme et l’animal et entre la vie et la mort. Sur scène, un ange obèse veille sur ces couples éternels.
Malgré la tendresse infinie qui se dégage de ce spectacle, les parties performées semblent lisses. Une marseillaise malmenée, cela ne remuera personne, même en l’accompagnant d’une vision centrée sur un anus offert. Le manque d’audace, c’est ce  qui est dommageable à ce spectacle. La part vidéo, toujours présente dans le travail de Steven Cohen est ici un peu décevante. Ce lieu qui semble magique est peu montré empêchant d’en saisir la portée. La si belle présence, à la fois douce et souffrante de sa nourrice est superbe mais le message est un peu simple. Exigence oblige face à un tel artiste, on attend plus Steven Cohen qu’il bouge les lignes. Ici, il défend ce que l’on sait déjà, condamne dans un processus scénique joli mais pas très innovant l’apartheid. Finalement, on aurait plus envie de diner avec cette dame, qui du haut de ses 90 ans, de sa couleur et de son sexe a tellement à transmettre.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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