Théâtre
Phèdre les Oiseaux, la pièce qui fait le tour du monde

Phèdre les Oiseaux, la pièce qui fait le tour du monde

28 September 2012 | PAR Charlotte Bonnasse

Phèdre les oiseaux est un texte dramatique écrit par Frédéric Boyer pour le théâtre, avec deux personnages, un chœur et une voix off. Jean-Baptiste Sastre la met en scène pour la première fois cette saison et lui fait faire le tour du monde, traduite et portée par des acteurs différents à chaque fois. C’est à l’Institut du monde arabe que nous rencontrerons la troupe de joyeux drilles, jusqu’à samedi 29 septembre.

Dans cette version franco-arabe, le personnage de Phèdre est magnifiquement interprété par l’actrice franco-palestinienne Hiam Abbass (La Fiancée syrienneLes Citronniers…), et celui d’Hippolyte par Jean-Baptiste Sastre lui-même. La présence des Compagnons d’Emmaüs forme un choeur très étonnant, hétéroclite et profondément touchant.

La Phèdre des oiseaux, c’est une femme qui ne sait plus comment elle s’appelle. A la recherche de son histoire, elle porte en elle l’humanité trouble et perdue, elle est “chaque héroïne oubliée, qui rentre très tard chez elle, qui vomit de la bière, qui se fera étriller en rentrant…” Personne et tout le monde en même temps, elle cherche ce mythe flottant au-dessus d’elle, dont elle porte le poids de culpabilité et de détresse, pour s’en délivrer. Selon le metteur en scène, “c’est la femme d’un éternel retour sur les lieux d’un crime indéfinissable. Le mythe est effacé. Il ne reste que le soupçon d’une fable terrible et noire dont personne ne parvient à se détacher sans toutefois en retrouver la mémoire. Notre propre monde contemporain (sa banalité, ses crimes, sa détresse…) transparaît soudain dans le ressassement épuisé du mythe” (Jean-Baptiste Sastre).

Dans ce contexte post-moderne, plus besoin de décors, ne reste plus qu’une issue : parler. Pour expliquer, justifier et se libérer par le corps des mots du corps un peu trop désiré de son jeune beau-fils. Dans une langue poétique qui entame en français et s’échappe en arabe, Hiam Abbass renoue avec la violence d’une culpabilité qui l’étouffe et la rend à tout le monde. Le choeur des compagnons d’Emmaüs surprend par sa diversité, mais c’est lui qui donne au propos sa portée internationale.

Une belle interprétation contemporaine, simple dans sa mise en scène mais complexe dans son propos, qui part à la recherche des fantômes de notre mémoire collective. Le choix est judicieux de faire de l’actrice principale non plus un personnage mais une histoire en phase de s’écrire (même si le personnage prend par là même des allures de psychopathe).

Visuel (c) : Phèdre les Oiseaux pour l’Institut du monde arabe, http://scenarts.fr/phedre-les-oiseaux.

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Charlotte Bonnasse

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