Théâtre
On veut tous La Paix ! aux Francophonies en Limousin

On veut tous La Paix ! aux Francophonies en Limousin

30 September 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Voir du théâtre en direct de Madagascar, c’est une chance rare et elle a lieu au festival Les Francophonies en Limousin, qui pendant quinze jours se fait se rencontrer la musique, le théâtre et la danse du monde francophone. La Paix est la fusion entre deux metteurs en scène : celle du malgache Dody Odeamson et du français Vincent Colin. Cela donne un merveilleux conte universel sur la plus grande question humaine : Comment ramener la paix sur terre ?

Ce n’est pas la première fois que Vincent Colin, ancien directeur du Centre Dramatique de l’Océan Indien et la compagnie travaillent ensemble. En 2001 ils créèrent Le Roi et l’Oiseau. Les tensions sur la Grande île mirent la troupe en résidence forcée, les comédiens furent alors accueillis au Théâtre du Grand Marché. Ils montèrent Mille francs de récompense, vu à Paris au Tarmac. Cette nouvelle collaboration pose justement la question d’une harmonie fantasmée entre les hommes.

La paix, ce n’est pas qu’un voeu pieux c’est aussi le titre d’une comédie d’Aristophane, produite en 421 avant notre ère. Il posait déjà la grande question, et plus de 2000 ans plus tard, pas de réponse. En s’alliant, Vincent Colin et la troupe Landy Vola Fosty tentent de résoudre l’énigme. La compagnie malgache se compose de comédiens, de saltimbanques mais aussi de paysans. Il faut savoir côtoyer la terre pour oser parler aux Dieux.

Oui, parler aux Dieux, à Zeus exactement, enfin,à Hermes,puisque Zeus et avec lui tous les Dieux de l’Olympe se sont fait la malle. Le spectacle s’ouvre sur une scène digne de Peter Brook. Deux lignes rangées de deux armées hétéroclites se toisent, avant de s’allier pour pointer sur nous leurs bambous faisant office de fusils. Place à l’imaginaire. Bientôt, les mêmes se plaindront du coût de l’essence devant un engin fait de deux tabourets. Ils sont oppressés par un patron qui porte bien son nom : Monsieur Lagnole ! Et pourtant, c’est lui qui part sauver le monde en essayant d’y ramener (physiquement) la paix. Pour cela il est accompagné d’une galerie de personnages formidables : une madame Lagnole travestie, une attachée de presse reine de la com’ et quelques travailleurs.

La paix utilise à merveille le procédé du conte. Souvent le metteur en scène vient et dit les transitions, se moquant du décor de fortune et de son rideau étoilé. Le voyage fonctionne à merveille. On se munit de notre âme d’enfant pour croire à ce voyage dans l’Olympe déserte où Hermes (Philippe Blancher) est un gars solide portant veste à plumes et grande jupe rose et où la Guerre (Martine Razafindramino), une sorcière, récite du Shakespeare en guise de menace. Le procédé se joue de la naïveté, l’utilisant comme un vecteur pour amener le tragique : c’est la paix qui ne veut plus des hommes. Ils doivent le reconnaître, ils aiment et ont besoin de la guerre.

Dans une alliance entre Madagascar et la France les chants nombreux viennent des deux pays. Telle une révélation, on apprend qu’un stratagème se prépare : le soleil a rendez vous avec la lune. On sourit, on s’amuse puis on se laisse totalement emporter par la justesse de jeu, par la générosité offerte et par le détournement des contes traditionnels.

Le dialogue entre les deux modes de travail permet un spectacle ouvert sur le monde, intelligible par tous, tout en raisonnant différemment dans chaque pays. Très politique à Madagascar, il a en France une portée plus philosophique.

Alors, trouver la paix, on ne sait pas, mais l’harmonie, elle est à chercher dans la réalité de la compagnie Landy Volta Fotsy, autonome et respectueuse de l’héritage de leur fondateur, Odéam Rakoto, décédé en 1973. Deux ans après, ses enfants formaient la troupe.

Visuel : ©Sebastien Marchal

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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