Nothing to do, étrange performance sur l’absence au Théâtre de la Bastille
“Et cette maison, Tim, tu la trouves jolie? Ces volets verts, c’est beau non? Et cette fille, Tim? Tu la trouves jolie? Ça te plairait d’habiter dans la maison avec cette fille? Tu avais déjà vu une aussi jolie fille, Tim? Dans le cadre de son Hors-Série, le théâtre de la Bastille présente “Nothing to do” , un spectacle d’Emma Morin sur un texte de Pascalle Monnier.
Cela commence par une pénombre, on entend une guitare électrique qui s’installe, on devine un homme qui bouge, une femme qui s’avance. Au moment où le noir se fait clair-obscur, la lumière s’éteint totalement pour laisser place à la voix d’Emma Morin. C’est sans la voir que nous l’écoutons poser ses questions à Ben, Tim et Paul.
Nothing to do est une proposition sur l’espace et la distance. Le public est séparé des comédiens par un rideau rigide transparent. A l’image d’un film en noir et blanc ou d’un écran filmé à travers un autre écran, la vision est brouillée. Emma Morin est dans un temps obsessionnel , elle questionne sans relâche des personnes qui ne sont pas là. Elle s’installe dans la durée provoquant une gêne. Lancinante, la très belle guitare de Ryan Kernoa vient répondre à ses interrogations dans un rythme lent, jusqu’au moment où un second personnage viendra gueuler et faire s’envoler des éléments de décors, comme pour la faire taire.
“Nothing to do” est une performance qui ne peut laisser indifférent où, si l’on accepte de se laisser emmener, on entre dans la douce folie de cette femme et l’on se prend à imaginer des ballades venteuses à la campagne, à l’image de sa veste qui danse. Il n’y a pas de réelle histoire dans ce spectacle, juste une émotion et des questions sur la relation à l’autre, l’espace et le temps.