
Nathalie Mann prêche à l’Essaïon
L’un des grands succès du Off d’Avignon est repris au théâtre de l’Essaïon. “La Papesse Américaine” nous embarque pour un double voyage dans le temps entre futur et archaïsme.
En 2040, le Pape est une femme, dans une société consciente de la manipulation des images, ressembler à une femme ne suffit pas. Jeanne 2 a du faire des examens pour prouver que “tout est là bien à sa place”. Elle arrive après des siècles d’hommes qui depuis le XXe siècle ont glissé vers l’austérité. Elle est confrontée à une église en miettes et en profite pour revenir aux questions essentielles : comment vivre avec la liberté ? Dieu était-il à Auschwitz ? Qu’est-ce que la conscience ?
Le texte est adapté d’un pamphlet écrit par Esther Vilar en 1982. Il s’agit de l’homélie d’intronisation de la papesse Jeanne en direct d’un studio télé américain. Le Vatican n’est quasiment plus et les fidèles se déplaçant sont 100 tout au plus.
Le spectacle interroge sur la place du religieux et du fondamentalisme sans tomber dans l’insulte gratuite. Elle décode les manipulations des foules, les histoires qui ne tiennent pas la route, avance que Jésus était agnostique. ” Vous voyez un croyant se prétendre le Fils de Dieu? Il aurait eu trop peur de sa vengeance !”.
“La Papesse Américaine” n’est en rien christianophobe pour reprendre le mot tendance des détracteurs fous de Castellucci, mais il attaque en dénonçant. Cette Papesse aux allures modernes, spot publicitaire à l’appui, concept de com’ pour mieux faire passer l’information, glisse avec douceur vers un retour aux valeurs anciennes. Faut-il se méfier des jolies paroles ? C’est ce que Nathalie Mann, papesse ” sexy” vient nous expliquer. La comédienne à la voix suave et au jeu parfait nous convainc. Mais ne la croyez pas, nous avons bien toute notre conscience et nous ne nous laisserons pas embrigader en dehors du théâtre !