
Moi, Caravage
Inspiré du texte de Dominique Fernandez, Cesare Capitani interprète avec lyrisme et authenticité le personnage du Caravage à travers une véritable épopée romanesque, digne des plus grands héros romantiques. Performance.
La salle est comble. Les spectateurs se serrent une dernière fois pour laisser un peu de place aux derniers arrivants et la pièce commence. Tout de suite le ton est donné. Cesare dégaine quelques tirades pour s’introduire auprès des spectateurs et Laetitia Favart l’accompagne en susurrant des petites mélodies italiennes. Ambiance.
S’enchaine alors, une tournée des grands duchés italiens. Milan, Rome, la Sicile, le parcours se fait au rythme des idylles du peintre tout en nous faisant découvrir l’évolution de son art. La sensualité de sa peinture s’affirme au fur et à mesure et le maître du clair-obscur s’impose peu à peu, s’affranchissant de ses sources d’inspirations originelles.
Durant cette course intense, celle de sa vie, le Caravage se fait rattraper par les démons qui sont à ses trousses ; les grands inquisiteurs déplorent l’immoralité de ses œuvres et le caractère obscène de cette peinture autobiographique, c’est l’homosexualité qui est pointée du doigt par l’Eglise. Achevé par une trahison amoureuse, le peintre finit par périr sous la lame de son aimé. Une fin à l’image de sa vie, funeste et magnifique.
Témoignage historique poignant, teinté de romantisme noir et de considérations politiques, la pièce entraîne le spectateur dans un univers dépaysant, regorgeant d’émotions. Et le manque d’effets de mise en scène ou de décors ne pèse aucunement tant la présence des acteurs se fait éclatante.