Ma Sagan, un spectacle enchanteur au Lucernaire
Chez Françoise Sagan, on aime la pudeur, les brusques sauvageries, le style et, surtout, ce formidable goût de la liberté. Ce court spectacle nous offre, en toute simplicité, un aperçu sensible et très incarné (Prune Lichtlé joue avec une belle intensité et ne cherche heureusement pas à imiter Françoise Sagan) de l’art de vivre selon Sagan, à l’opposé des magazines féminins ou autres manuels de savoir-vivre : le soleil, l’amour, les amis, l’argent, l’alcool, la mort sont ainsi évoqués, fulgurances pleines d’esprit et de cœur.
Très joliment composé, et approuvé par le fils de Françoise Sagan, Denis Westhoff (on entend d’ailleurs quelques confidences sur la maternité) le montage de textes est tiré de Réponses, Répliques et Avec toute ma sympathie (on vous conseillera également Derrière l’épaule et Avec mon meilleur souvenir). On ne peut retenir l’amour ni le temps, pas plus que le soleil ou la vie. Enjouée, désespérée, enfantine et secrète, Françoise Sagan dévoile certaines règles de vie : classiques comme l’élégance, la politesse, ou plus singulières, un peu folles, comme l’art d’aimer plusieurs personnes, la joie de dépenser ou de se griser de vitesse. Une éthique se dégage, faite d’élans, d’intuitions, d’inquiétudes et d’attachements. Entre deux mélodies mélancoliques et prenantes (on reconnaît le motif d’”Aimez-vous Brahms”), Prune Lichtlé s’adresse à nous directement, lovée comme un chat sur un lit situé face à la mer, indirectement à travers de légers voiles suspendus ou frontalement, n’hésitant pas à soudain élever la voix, à crier.
Une Sagan à fleur de peau, avec des bleus à l’âme et un certain sourire, qui n’a pas fini de nous enchanter…
Spectacle “Ma Sagan”, mise en scène et scénographie Michel Albertini ; Lumières André Diot ; collaboration artistique Denis Westhoff ; avec le soutien de l’Association française Françoise Sagan ; Adaptation de Prune Lichtlé. Durée du spectacle : 1h.
Note : Le film “Bonjour Tristesse” d’après le roman de Françoise Sagan est programmé le 25 octobre à 20h30 au Lucernaire. Voir notre critique.