Théâtre
Justine Vultaggio et Oscar Voisin : « On a fait des centaines d’heures de répétitions.»

Justine Vultaggio et Oscar Voisin : « On a fait des centaines d’heures de répétitions.»

19 January 2022 | PAR Geraldine Elbaz

La compagnie des Modits est à l’affiche du Lucernaire jusqu’au 23 janvier avant d’être reprogrammée à partir du 6 avril 2022 avec une pièce complètement foutraque signée Eugène Labiche : L’affaire de la rue de Lourcine. Les comédiens sont pétillants, virevoltants et débordent d’énergie. Le public est embarqué dans une aventure folle, ponctuée de rebondissements improbables et portée par une troupe de talent. Justine Vultaggio et Oscar Voisin nous racontent leur parcours et leur bonheur de jouer sur scène.

Pourriez-vous nous raconter votre parcours ? 

O.V. : J’ai commencé par une école d’ingénieur, puis Sciences Po. J’ai toujours fait du théâtre en parallèle. J’ai commencé à 11 ans dans le club de théâtre des écoles où j’étais. A 18 ans j’ai failli choisir le théâtre dans un parcours plus cadré mais comme j’étais bon en maths, mes parents m’ont poussé à continuer mes études tout en gardant le théâtre. Après je suis allé à Paris, où j’ai suivi pendant deux ans des cours amateurs de théâtre puis je suis parti au Foyer pendant un an et demi parfaire ma formation de manière plus intense avec Béatrice Agenin, Arnaud Denis, Jean-Laurent Silvi, Maxime d’Aboville, Axel Blind, Delphine Depardieu, Thierry Harcourt et d’autres intervenants. Je suis très heureux d’avoir reçu à l’issu de cette formation le Prix Copeau (révélation masculine). Et puis nous avons enchaîné sur notre première création au Lucernaire. 

J.V. : Moi j’ai commencé à 8 ans par une formation de chant lyrique et de piano. Jusqu’à mes 12 ans, j’ai été dans le Chœur d’Enfants de l’Opéra de Nice, où j’ai chanté La Flûte Enchantée, La Bohème, Carmen… Puis je suis partie au Conservatoire de Nice en tant que soliste.  A 19 ans, j’ai intégré pendant 5 ans le Conservatoire de Paris dans le Département Supérieur pour Jeune Chanteur, dirigé par Florence Guignolet. J’ai participé à cette époque à de nombreuses productions lyriques (Le Châtelet, Théâtre de Suresnes…). C’était une super formation. Ensuite je suis partie à Montréal à la Schulich School of Music. Ensuite j’ai intégré l’atelier lyrique d’Opéra Fuoco sur concours. Et puis j’ai suivi pendant deux ans les cours de théâtre professionnels du Foyer.

Quelques mots sur la création de votre compagnie Les Modits ? 

O.V. : En 2018, on s’est rencontrés aux cours de théâtre, où l’on a été castés pour jouer dans La Parisienne d’Henry Becque. Le projet n’a pas abouti mais…

J.V. : …on s’est très vite bien entendus et on s’est dit qu’on allait monter un projet ensemble. J’ai tout de suite accroché avec la personnalité et le jeu d’Oscar. Du coup on a repris la pièce d’Henry Becque avec Reynold de Guenyveau et d’autres comédiens, on l’a proposée à plein de théâtres, mais c’était compliqué à ce moment-là.

O.V. : Quand on est allé à Avignon voir Un chapeau de paille d’Italie de Labiche au Coin de la Lune, cela nous a donné l’idée de monter L’Affaire de la rue de Lourcine. La pièce était alors peu montée et on a eu un vrai coup de cœur. On l’a proposée à plusieurs théâtres et 6 mois plus tard, Karine Letellier du Lucernaire nous recevait pour une audition. On est arrivés au bon moment, juste après La Cagnotte, qui était un Labiche aussi. On remercie d’ailleurs Karine et Benoît qui nous ont fait confiance pour une première création. Ils nous soutiennent depuis le début et c’est peut-être le début d’une longue collaboration.

Quel processus de création avez-vous suivi pour mettre en place L’Affaire de la rue de Lourcine ? 

J.V. : En amont, j’ai travaillé réplique par réplique, en partant du texte. On a eu plein d’idées dès le début au sujet des costumes, des décors. Pour moi c’était assez évident de garder l’époque, de ne pas “actualiser”. On aime bien les pièces d’époque dans leur époque. Ça a un certain charme, on n’avait pas envie de changer. Et puis après pour la musique, ça s’est fait au fur et à mesure. On a fait des ajouts : le couplet où je chante seule par exemple ou La mère Michel pour le choral de la fin qui a été écrit par les garçons.

O.V. : Surtout Gabriel. Pour la chanson Lavons-nous les mains, on écoutait du reggae et on essayait de caler les paroles dessus. Le rythme était trop lent, on l’a accéléré en le jouant à la guitare. 

Peut-on dire que cette chanson est très à propos dans le contexte de la crise sanitaire que nous traversons ?

J.V. : C’est le texte de Labiche et c’est vraiment une coïncidence. 

O.V. : Oui et on s’en est servi, forcément. 

La mise en scène est très rythmée, ponctuée parfois de chansons anachroniques qui modernisent la pièce. Comment Renaud s’est-il immiscé dans l’intrigue ? 

O.V. : C’est les paroles qui voulaient ça. Labiche dit : 

« Ah ! reprenons courage

Et fuyons l’ouragan !

Fallût-il, à la nage,

Traverser l’Océan ! »

J.V. : Ce sont les situations qui ont découlé sur le choix des musiques. On a trouvé que la chanson de Renaud était parfaite par rapport au texte. 

Pourriez-vous nous raconter une anecdote sur la création de cette pièce ? 

J.V. : On l’a travaillée pendant 2 ans avant de la jouer. On a fait des centaines d’heures de répétitions. A force de déprogrammer, de reprogrammer…

O.V. : On l’a tellement répétée, qu’à la fin on a dû la déconstruire en changeant les humeurs des personnages. Lors d’un filage, on a fait tout le contraire de ce qu’on faisait d’habitude, on a exploré d’autres choses et ça a enrichi la pièce. 

J.V. : Et ça continue d’évoluer. Au fil des représentations, les comédiens proposent de nouvelles choses. 

O.V. : On dose la réception avec le public, il faut constamment se renouveler tout en gardant le cadre.

Qu’est-ce que votre jeu en tant que comédiens doit selon vous susciter chez votre public ? 

O.V. : La surprise.

J.V. : L’étonnement.

Quels sont vos projets pour 2022 ? 

J.V. : On est très contents d’être reprogrammé pour 44 dates au Lucernaire, du 6 avril au 29 mai. On aura aussi quelques dates cet été dans plusieurs festivals en France. 

O.V. : Pour fin 2022, on va monter Caligula d’Albert Camus. 

J.V. : Virage à 180°.

O.V. : On partirait sur quelque chose de plus contemporain avec de la musique techno.

J.V. : Il y a 16 personnages mais on a réduit à 9 comédiens. Encore un beau pari en perspective !

Interview croisée de Justine Vultaggio et Oscar Voisin

Propos recueillis le 18 janvier au Lucernaire.

L’Affaire de la rue de Lourcine

Au Lucernaire jusqu’au 23 janvier 2022 

Puis du 6 avril au 29 mai 2022

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Geraldine Elbaz
Passionnée de théâtre, de musique et de littérature, cinéphile aussi, Géraldine Elbaz est curieuse, enthousiaste et parfois… critique.

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