
“Le présent c’est l’accident”, bricolage sonore et visuel pour mini-concert plein de peps
Le présent c’est l’accident est une pièce musicale et théâtrale portée par la compagnie Les ateliers du spectacle, découverte au Nouveau Théâtre de Montreuil. Il reprend le concept déjà vu de concert qui se fabrique en direct, en l’enrichissant d’une dimension visuelle plutôt stimulante. Le musicien, qui travaille sur diverses machines, se tient au centre d’un plateau suspendu, où sont ses instruments. La chanteuse va graduellement l’approcher, lui proposer des sons, mêler sa voix à ses bricolages, jusqu’à ce que les langages se fondent et que la musique advienne de la rencontre. Un spectacle qui a du charme, très agréable à suivre.
Que se passe-t-il quand une chanteuse rencontre un musicien qui capte les sons et les fait digérer à ses machines pour en faire de la musique? Comment s’approchent-ils, comment dialoguent-ils, comment finalement mettent-ils au point leur concert?
Cela pourrait être le point de départ de ce spectacle, Le présent c’est l’accident. On aurait alors une proposition musicale en soi intéressante, sorte de mini-concert bricolé à vue.
Mais pour corser la chose, et la rendre plus intéressante, Jean Pierre Larroche s’est mêlé à la partie, et le monsieur a un beau talent pour le théâtre visuel (v. notre critique de son spectacle Tremblez machines / Animal épique). En ajoutant sa touche audacieuse, espiègle et foisonnante, il rend la proposition multidimensionnelle, et plutôt très stimulante… et sympathique, car l’artiste n’est pas non plus dénué d’humour !
Qu’on s’imagine le musicien apparaître au centre d’un plateau suspendu, où sont placées ses machines, au milieu d’un indescriptible fatras de câbles et de fils et de machins et de poulies.
Qu’on s’imagine ensuite la chanteuse commencer le spectacle enfermée dans une sorte de boule de poils, d’où elle commence à agir sur le travail de son partenaire en tirant divers fils qui produisent autant d’accidents à reprendre dans la musique construite en directe. Une chanteuse cachée, donc, qui ne communique initialement que par le biais de mots qui sortent de sa cachette, imprimés sur une bande de papier.
On comprend immédiatement que l’approche de la mise en scène est joueuse et ludique. Avec une certaine économie de moyens, sans tape-à-l’oeil excessif, elle propose de poser un regard totalement différent sur l’aventure musicale, elle pose une métaphore visuelle de l’apprivoisement réciproque des deux personnages, et offre à voir la musique comme un langage qui permet de se découvrir et de finalement se rejoindre.
C’est parfaitement agréable à suivre, avec un charme discret dû à la friction entre des machines très technologiques et une chanteuse qui, en plus de sa voix, propose des sons concrets à ajouter au mix – des grattements, des chocs, des sons de soufflet…
On voit à peine passer les 45 minutes que dure le spectacle, qui est comme une rêverie musicale enchanteresse. On n’y découvrira pas un sens profond qui révélera au public une nouvelle philosophie de l’existence, mais on passera un très agréable moment, et, par les temps qui courrent, c’est déjà un magnifique cadeau.
Équipe
conception :
Jean Pierre Larroche, Émile Larroche, Neysa Barnett, Serge Dutrieux
& la collaboration de Léo Larroche
avec sur scène :
Neysa Barnett et Émile Larroche
lumières :
Jean-Yves Courcoux
son : Julien Fezans
construction du dispositif : Jean Pierre Larroche, Etienne Tortosa, Emilien Diaz
Équipe
conception :
Jean Pierre Larroche, Émile Larroche, Neysa Barnett, Serge Dutrieux
& la collaboration de Léo Larroche
avec sur scène :
Neysa Barnett et Émile Larroche
lumières :
Jean-Yves Courcoux
son : Julien Fezans
construction du dispositif : Jean Pierre Larroche, Etienne Tortosa, Emilien Diaz