Le bourgeois gentilhomme avec Marcel Maréchal
Ecrite en 1670 à Chambord par Molière, cette pièce qualifiée de comédie-ballet, n’a rien perdu de sa verve. L’histoire en est si savoureuse que des extraits sont toujours étudiés au collègue. Voici en deux mots le propos: Un bourgeois, désireux d’accéder à une conditions sociale plus élevée grâce à son argent, tente d’acquérir les bonnes manières qu’il pense lui manquer. Il prend, pour ce faire, des cours de danse, de musique, d’arme et de philosophie et ambitionne même de faire de sa fille une marquise. Tout son entourage qui souffre de ses facéties va s’entendre pour faire de lui le bouffon de la farce qu’il leur fait endurer.
Cette pièce est peut-être la plus burlesque et la plus divertissante de Molière. Elle pousse en effet très loin la farce et reste en permanence concentrée sur cette dernière car tout tourne autour du personnage principal, qui est quasiment tout le temps sur scène. La mise en scène de Marcel Maréchal accentue encore la bouffonnerie du texte, en appuyant avec une extravagance gestuelle et d’apparence l’excentricité du personnage principal. Ce dernier vit dans son monde intérieur, la richesse de son imaginaire contamine tous ceux qui le côtoient, ils ne le comprennent pas mais il les fait bien rire et sert leurs intérêts. Marcel Maréchal fait merveille dans ce rôle ,qui semble complètement fait pour lui, il nous régale de ses moues et de ses facéties, véritable Louis de Funès, il tient la salle en son contrôle. Il a toute notre admiration de même que la remarquable Agnès Host, qui tient le rôle de sa femme, rôle délicat de contrepoint dans lequel elle incarne à merveille une raison qui ne comprend rien à la déraison de son époux et qui en est, hélas, la principale victime. Elle est appuyée dans ses tentatives de ramener son époux à une vision des choses conformes à la réalité par sa fille Lucile (interprétée par Laetitia Godès qui semble une fraîche rose égarée dans une tempête) et par sa servante Nicole (jouée par Flore Grimaud), qui correspond à la perfection à la servante pleine de verve et d’audace, n’ayant pas la langue dans sa poche, personnage cher à Molière, qui revient dans nombre de ses pièces.
Le dialogue n’a rien perdu, il est plus moderne et d’actualité que jamais. Les costumes et les danses s’appuient sur cette dimension contemporaine. La plupart des tenues des personnages sont des plus réussies, en particulier celle de monsieur Jourdain, mais nous restons un peu réservés sur la tenue du maître de danse, lequel joué avec finesse, fougue, jeunesse et brio par Sinan Bertrand. Chaque apparition d’un acteur sur scène est de toutes les manières une surprise au vu de l’extravagance adoptée dans les tenues de chacun. Nous les attendons donc avec délectation. La musique omniprésente surprend aussi et, dès la première scène, en mêlant contemporain et classique; les danses sont de la même sorte, les acteurs ne sont pas des danseurs professionnels et cela se voit mais la bouffonnerie de leurs pas de danse s’accorde parfaitement avec le reste.
Rarement le ridicule a été poussé si loin sur scène dans tous les domaines et rarement nous en avons tant ri. Une pièce qui se voit et se revoit avec délectation.