
Neutral Hero : L’Amérique apathique de Richard Maxwell
Le Festival d’Automne propose dans son généreux programme un voyage dans le Middle West américain. Avec sa dernière pièce, Neutral Hero, le New-Yorkais Richard Maxwell vient confronter une neutralité des visages et des voix à l’image d’un pays frénétique. Déroutant.
Si l’on parle des USA il faut commencer par en sentir l’immensité. Pour ce faire, onze chaises en demi-cercle, certaines accompagnées d’instruments de musique se déploient devant nous derrière un cadre pouvant être celui d’un petit-écran. Se succèdent ensuite de façon extrêmement ardue des monologues visant à décrire le plus froidement possible une ville minuscule quelque part aux Etats-Unis.
Les personnages arrivent peu à peu, ils sont majoritairement blancs, deux sont noirs, l’un est asiatique. Plus de filles que de garçons, les looks sont essentiellement sport. Nous voilà face à un échantillon, que l’on imagine représentatif du pays. Les onze ne se parlent et ne se touchent qu’à de rares instants clés du spectacle. Ces instants sont ceux de l’humanité. Une famille disloquée, le fils , jeune adulte tombe amoureux d’une fille différente, blanche et texane et court après son père absent. Des mains se prennent, un corps est soulevé.
Neutral Hero, en français, « héros neutre » ne peut pas laisser indifférent. La neutralité exacerbée a ce soir désenchanté ou séduit le public extrêmement divisé. C’est en tout cas, un spectacle phare sur l’état des USA, dont on sort circonspects , ne sachant pas si l’on a aimé ou détesté cette diarrhée verbale s’apparentant souvent au prêche du dimanche dans les églises de Harlem. La pièce est rythmée par des moments de comédie musicale permettant de souffler dans cette abondance “oversize” de mots. A l’image d’une série télé, les comédiens chantent quand ils veulent accéder à la sincérité.
Drôle de pays, drôle de spectacle.
Visuel (c)Michael Schmelling