Théâtre
La SACD présente ses Sujets à Vif à Avignon

La SACD présente ses Sujets à Vif à Avignon

08 July 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le festival d’Avignon se compose de rendez-vous entre un public et des lieux, entre un public et des formats. Depuis 1997, le vif du sujet devenu le sujet à vif est une commande à artiste pour une petite forme de 30 minutes.  Au regard des programmes A et B présentés jusqu’au 14 juillet, la cuvée 2011 s’annonce pertinente et politique.

Programme A

11h- Trente trois tours, une commande à David Lescot

L’auteur, metteur en scène et musicien David Lescot s’est largement prêté au jeu de l’exercice. Il a même demandé au festival une petite dérogation, 33 minutes au lieu de trente afin de proposer un disque au spectateur comportant 11 plages, dont un bonus track!

Les morceaux ont comme fil la bataille, contre soi, contre un pays, ou contre une idée pourquoi pas. Ils mettent sur scène deux interprètes, David Lescot et le danseur chorégraphe de Brazzaville, le phénomène DelaVallet Bidefono.

Le duo enchaine les tubes dans des micros performances toujours drôles, fines et inventives. Le coup de cœur va sur une parodie de la cour d’honneur dans une bataille rangée peu orthodoxe qui fera entendre les célèbres trompettes. On découvre tout le long du vinyle la force d’interprétation du danseur qui passe d’une proposition douce à une lutte proche des sports de combat. Le corps devient ici métronome, arme, parole.

11h33- Voyage Cola, une commande à Bouchra Ouizgueun

la danseuse Bouchra Ouizgueun, nous basculons vers le Maghreb pour une proposition visant à incarner par la danse les poncifs sur les femmes musulmanes.

Elle démonte le voile, les filles qui se cachent sous les blousons à capuches, elle rend aussi des hommages sensibles, aux femmes en tenues traditionnelles.

Sa danse vient puiser dans les mouvements orientaux, hip hop et africains, l’ensemble donnant une belle impression de danse contemporaine.

Programme B

18h-Terre/Cri/Effarement, de toute la terre le  grand effarement, une commande à Guy Régis Jr

Attention coup de poing! Dans une apparition semblant sortie d’une scène de Blade Runner surgit à la fenêtre Nanténé Traoré, coupe afro, bridée dans une tenue guerrière, les chevilles prisonnières dans des hautes spartiates à talons. Elle est à la fenêtre à laquelle pend un fauteuil décharné, à l’image de ceux brulés par le sculpteur Armand.

Une seconde vision fait son entrée, Ese Brume, sublime, sanglée dans une combinaison en dentelle ponctuée de cuir.

Elles parlent en chœur, puis l’une à l’autre. Nous sommes dans un espace futuriste, post-génocide. Les paroles font référence à l’Afrique, à toutes les guerres. Dans ce monde là, le mal a tout dévasté, emportant avec lui tous les hommes. Elles sont deux, survivantes. Comment refaire l’humanité à deux femmes?

Le spectacle ne repose que sur l’interprétation et la scénographie. Elle ne dansent pas, bougent très peu. Le texte se balance avec vigueur imposant aux deux interprètes de planter leur corps dans le sol avec force mais sans rigidité.

 

18h30- How to become invisible, une commande à Eduard Gabia

Après une première partie choc, l’ambiance se fait plus légère avec une proposition du performeur roumain Eduard Gabia semblant s’inspirer de l’univers geek des jeux vidéos.

Un plateau recouvert de tuyaux, un jeune homme aux commandes d’un ordinateur sur le côté et sur scène, deux hommes portant chacun un tee-shirt, l’un “Kill me”, l’autre “The last of the famous inv…ible playboy”. L’un se met en bord de scène, proche de la chute, retenu par l’autre à l’aide d’un harnais.

L’un veut nous raconter une histoire, seulement, et seulement si quelqu’un veut bien lui acheter un tee-shirt, l’autre vibre, oui, vibre, sans cesse, sans relâche. Contre un tee-shirt, vous aurez accès à de grandes réponses sur les liens entre invisibilité et réalité.

Dans cette performance sur l’invisible, ce qui est à voir n’est pas vraiment sur le plateau. Gabia fait appel aux sensations apportés par les vibrations. Si l’invisible ne se voit pas, alors il se perçoit.

 

Les prochains Sujets à vif, programme C et D auront lieu du 19 au 25 juillet, et accueilleront notamment la danseuse Julie Nioche.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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