La nuit sera chaude, Josiane Balasko revient au théâtre de la Renaissance
Le titre de la dernière pièce de Josiane Balasko promettait une nuit chaude mais l’actrice signe un spectacle bien tiède. Au cinéma comme au théâtre, elle joue les fortes en gueule, fait rire et émeut avec des personnages jamais trop méchants mais loin d’être des Saints. Rares sont les comédiennes à jouir d’un tel amour du public, elle le lui rend bien. Pour son retour au théâtre, elle écrit, joue le premier rôle, se met en scène, tout cela avec générosité et sincérité. Son comique naturel, son abattage et sa spontanéité continuent de séduire les spectateurs qui rient beaucoup. Pourtant, on imaginait une pièce plus flamboyante, son travail est assez conventionnel et manque de surprises.
On a connu Balasko plus mordante et plus inventive. Une fois de plus, avec une bonne dose d’humour et d’autodérision, elle compose un numéro que certains trouveront réjouissant car elle convoque à nouveaux ses thèmes de prédilections pour torpiller les préjugés et les canons esthétiques féminins. Plus que d’habitude, elle réactualise de bonnes vieilles ficelles du boulevard comme les adultères, les mensonges, les quiproquos…. C’est déjà vu mais efficace.
Balasko joue Monique, un étrange personnage qui s’incruste avec toupet dans l’« atelier-salon » d’une femme inconnue, Dina, prétextant que son mari Pedro s’y trouve. « Je crois que je vais vous faire du mal » lui balance-t-elle d’un air pas rigolo. Sauf que Dina elle est bien en compagnie d’un homme chez elle mais il s’appelle Francis et il est en train de prendre un bain. La Monique est en fait une femme de ménage aux tendances nymphomanes avec un langage de charretier mais elle sait bien ce qu’elle veut et use de subterfuges pas franchement subtils pour faire sa déclaration d’amour au fameux Monsieur sous le toit de sa maîtresse et elle aura gain de cause ! La situation est complètement improbable, manque de finesse (dommage la fin est bâclée) mais on s’amuse de la lâcheté et des petits travers des gens.
Pascal Bongard est très bien. Il campe avec malignité un mari volage à l’appétit sexuel insatiable et un menteur invétéré qui se fait passer aux yeux de sa maîtresse pour un pilote de ligne et cache que sa femme Mona est patronne d’un bordel SM. Mais sinon, Balasko s’est assez mal entouré et les personnages autour d’elle existent peu. Valérie Lang joue une artiste psychique totalement azimutée qui peint l’aura de ses patients, elle est trop exaltée, outrancière dans le registre lacrymal.
Photo : pure people