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« Compétition officielle » : La nouvelle comédie grinçante de Mariano Cohn et Gastón Duprat

« Compétition officielle » : La nouvelle comédie grinçante de Mariano Cohn et Gastón Duprat

02 May 2022 | PAR quentin didier

Le duo de réalisateurs argentin signe ici une satire particulièrement réussie de l’industrie cinématographique. Penélope Cruz, Antonio Banderas, et Oscar Martinez prennent les traits d’une réalisatrice et de deux comédiens qui doivent produire le meilleur film de l’histoire – rien que cela. La confrontation de ces trois fortes têtes relève joliment l’individualisme inhérent à notre époque.

Pour son quatre-vingtième anniversaire, un homme d’affaires richissime constate que la seule chose qu’il lui manque est la reconnaissance unanime du peuple. Il ne parle plus ici d’une reconnaissance qui flatterait à nouveau son écrasante réussite professionnelle ou son gargantuesque compte en banque, mais bien un adoubement quasi spirituel. Et pour cela il choisit comme baroud d’honneur de produire le plus grand film de l’histoire. Bien évidemment cette démarche nous fait déjà sourire quand on constate que sa seule implication artistique est de débourser des millions. Dès les premières secondes, la satire aux accents de caricature pointe le bout de son nez, et il est déjà difficile d’y rester.

Un trio caricatural

Première engagée sur le projet pharaonique, la réalisatrice du moment Lola Cuevas qui accumule les récompenses – lui conférant une légitimité certaine dans le milieu du cinéma, et accessoirement un aplomb à toute épreuve. Penélope Cruz incarne ici l’artiste totale, aussi lunaire que sûre d’elle, et qui ne vit évidemment que pour créer. Elle compose superbement un personnage borderline, véritable assurance de l’humour grinçant de Compétition Officielle.

Car ce qui fonctionne particulièrement dans ce nouveau film du duo Cohn et Duprat, c’est la rencontre entre plusieurs mondes diamétralement opposés. C’est d’ailleurs ce que cherche Lola Cuevas en imposant pour les deux rôles principaux de ce plus grand film de tous les temps, un acteur hollywoodien imbu de lui-même (joué par Antonio Banderas), et un théâtreux radical et quasi fasciste dans sa vision de l’art (Oscar Martinez). Le trio dysfonctionnel est posé, on ne peut maintenant que se délecter des premières séances de relecture du scénario.

Chacun pour soi

On prend alors autant de plaisir à voir l’hilarant personnage d’Antonio Banderas tyrannisé par des méthodes qui ne flattent absolument pas son égo surdimensionné, qu’à imaginer la prochaine folie qui va passer par la tête de la réalisatrice imprévisible. Mais Compétition Officielle amène, avec beaucoup d’humour certes, l’idée que cette industrie du cinéma broie réellement les individus. En effet nos trois personnages partagent une véritable arrogance – n’entendant que leur propre avis, et méprisant tout autre chose que leur propre reflet. Mais cette dissonance peut-elle mener à un grand film ?

Il est alors très intéressant que deux réalisateurs puissent partager dans un même projet un tel propos sur l’individualisme – individualisme terriblement exacerbé dans le petit monde du cinéma. La mise en abime est ainsi encore plus grinçante et géniale qu’elle ne l’est au premier abord.

©Visuel presse

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quentin didier

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