Théâtre
Jean-Michel Rabeux présente une Barbe-Bleue tout en élégance à la MC 93

Jean-Michel Rabeux présente une Barbe-Bleue tout en élégance à la MC 93

22 March 2013 | PAR Avela Guilloux

Pour le plus grand bonheur des Parisiens, Jean-Michel Rabeux présente actuellement à la MC93 son spectacle jeune public ” La Barbe-Bleue”.  Après sa magnifique adaptation de Peau d’Ane, découverte en novembre 2012, plongée dans un univers terrifiant, monstrueux par moments, mais toujours aussi délicat.

Tremblez  “adultes à partir de 8 ans” ! La Barbe Bleue version Jean-Michel Rabeux est arrivée à Bobigny. Au programme : ballons, noirceur, humour, terreur, rugissements, curiosité, amour, anachronismes et éclats de rire.

Si Peau d’Ane vu en novembre dans la même salle était un spectacle d’une grande luminosité et empreint de légèreté malgré le sujet grave qu’il évoquait, La Barbe-Bleue fait dans un tout autre registre : décor macabre, sol jonché de ballons noirs et bleus, actrices livides, monstres…on est pas là pour rigoler ! Et pourtant, dès les premières secondes, à l’arrivée de La Barbe-Bleue tant redoutée,  malgré ses rugissements terrifiants, la salle éclate de rire. Et ne s’arrêtera pas pendant tout le spectacle.

Rappelons l’histoire à ceux qui ont besoin de réviser leurs classiques :  Barbe bleue, gentilhomme très riche,  convoite pour ses septièmes noces la plus jeune fille de sa voisine. Peu après leur mariage, il part en voyage et confie à son épouse la clé de la bibliothèque, lui faisant jurer de ne jamais en ouvrir la porte. Mais sa curiosité sera la plus forte…Elle y découvrira les cadavres des six précédentes femmes de Barbe-Bleue…Effrayée, elle laisse tomber la clef, qui se tache de sang. Elle essaye d’effacer la tache, mais le sang ne disparaît pas car la clef est magique. L’époux rentre de voyage, découvre que son épouse a succombé à sa curiosité, et tente de la tuer. Elle sera sauvée par ses frères, venus à son secours.

Ici, il y a quelques différences par rapport au conte de Perrault. D’abord, la Barbe-Bleue est un monstre, un vrai, une Bête : son visage est entièrement recouvert de poils bleus, il rugit, il se déplace comme un fauve. C’est un monstre amoureux même. Il fait beaucoup penser à la Bête de Cocteau. Ensuite, sa jeune épouse l’aime. Car oui, on peut aimer un  “monstre”, malgré la peur, malgré tout. Enfin, à la fin, la belle épousée est tuée par son mari, et non pas sauvée in extremis par ses frères, comme c’est le cas chez Perrault, version la plus célèbre de ce conte populaire. Il la tue, il est si malheureux qu’il en perd sa monstruosité, et les deux époux “ressuscitoient”, dans une danse d’amour qui clôt magnifiquement le spectacle…

C’est beau. Il n’y a pas d’autre mot. Et ça fait peur, vraiment. De cette peur qui fait rire aux éclats. La cruauté du conte est là, partout, et sa vertu cathartique aussi.

Jonché d’anachronismes délicieux et de notes d’humour, le texte de Jean-Michel Rabeux est servi sur un plateau par un trio d’acteurs d’une grande générosité. Le tout dans un décor à donner des frissons au plus téméraire des enfants : La scène où la jeune mariée découvre les cadavres des six précédente épouses est glaçante et magnifique.


Un spectacle pour enfants qui ne ressemble en rien à tous ceux que vous avez pu voir. Et si vous, les  “grands”, vous frissonnez, n’ayez crainte : les “petits”, eux, savent saisir la moindre petite note d’humour posée ça et là par le metteur en scène pour éclater de rire. Voici un spectacle, qui, au-delà de les divertir, leur apprend  “à quoi ça sert le théâtre”. Rien que ça.


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Avela Guilloux

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