Théâtre
Festival SPOT Paris-Villette : « Nos Papas », une (en)quête effrénée et poignante autour de la filiation

Festival SPOT Paris-Villette : « Nos Papas », une (en)quête effrénée et poignante autour de la filiation

26 September 2019 | PAR Anne Verdaguer

Vrai coup de cœur à l’ouverture du festival SPOT du théâtre Paris-Villette pour « Nos Papas » de Simon Bourgade qui parle de la filiation, des premières fois, des non-dits, et de comment être un homme dans un monde en perte de repères. Un spectacle qui sonne juste et qui touche la corde sensible.

Monsieur Joly a 57 ans, il est ébéniste.

Monsieur BenTahar, 72 ans est retraité.

Monsieur Prud’homme de la Boussinière, 67 ans est médecin psychiatre.

Installés dans leur fauteuil, ils se confient… sauf que ce ne sont pas eux qui sont sur scène … mais leur fils, tous les trois comédiens. Ce jeu de rôle, principe clé de la pièce, crée d’emblée le trouble : existent-ils vraiment ? Cette photo que l’on fait passer entre les rangs, est-elle vraiment la leur ? Et les comédiens sur le plateau, leurs vrai fils ?

“Nos Papas” est un vibrant plaidoyer pour l’amour filial, les empêchements, et la difficulté de communiquer au sein d’une même famille. Le thème que l’on pourrait penser rebattu prend ici une toute autre dimension. Documentaire d’abord, puisque des extraits d’interviews réalisées auprès de ces pères et diffusés tout au long du spectacle, apportent un élément de vérité, qui s’avère souvent touchant, parfois cruel. Le mélange des récit et des rôles, du passé et du présent confère une impression de perte de repères, métaphore de la difficulté à créer du lien, sans pour autant perdre en fluidité au niveau de la mise en scène qui grâce à des trouvailles et des raccourcis audacieux nous plongent à corps perdus dans l’histoire.

Comme un miroir tendu qui se briserait au fil du temps, ces trois parcours de vie, incarnés avec fougue par les 3 comédiens, va prendre un tour inattendu. D’abord drôle et fantasque, le récit opère un virage dramatique dans la deuxième partie qui parle de plusieurs épisodes difficiles. Un père alcoolique et maltraitant, la naissance d’un enfant trisomique, la mort… les questions liées au lien sont abordées frontalement, sans pour autant créer de sentiment de voyeurisme ou de gêne. Bien au contraire. Le spectateur s’embarque avec joie dans cette catharsis théâtrale menée tambour battant par ses jeunes acteurs qui communiquent leur complicité sur le plateau. 

La pièce de la compagnie Madame Morte Théâtre est une véritable réussite en guise de démarrage de ce festival SPOT consacré aux formes théâtrales nouvelles et dont la sixième édition s’intéresse au lien intime de l’enfance à l’âge adulte. D’autres spectacles sont à découvrir dont “Au nom du Père” les 26 et 27 Septembre et “A l’origine” les 27 et 28 Septembre

Tout la programmation du Festival SPOT qui se tient jusqu’au 4 Octobre au Théatre Paris-Villette ici 

Crédit photo © Lucien Valle 

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