
Lancement du 15e Festival International des Arts de la Marionnette à Saguenay: spectacle d’ouverture en demie teinte
Comme tous les deux ans, le mois de juillet dans la ville de Saguenay (Québec) est marqué par la présence du FIAMS pendant une semaine. Le mardi 24 était l’inauguration officielle: après les discours protocolaires, une représentation de Ganou-Gàla, la traversée était proposée. Un spectacle visuellement agréable, qui utilisait la marionnette à assez bon escient, mais qui souffrait d’une écriture et d’une direction d’acteurs pas exactement à la hauteur du rendez-vous.
Pourtant, tout commençait plutôt bien dans cette collaboration réunissant des artistes de quatre pays – Québec, Mali, Suisse et Mexique. De belles ombres projetées sur un écran monté sur une structure au coeur de la scène, la voix puissante et la présence indéniable de Hamadoun Kassongué contant un début d’histoire, on est plutôt convaincu.
Un spectacle visuellement réussi…
Par la suite, l’agrément visuel se maintient bien: les éclairages très colorés sont globalement agréables, les marionnettes variées et bien faites, dans une esthétique un peu “récupération”.
De même, le plaisir des oreilles est au rendez-vous, avec de très beaux accompagnements musicaux et des chants qui fonctionnent bien. Les phases de conte, assurées par Hamadoun Kassongué, sont vraiment agréables. Les interprètes sont très présents à ce qu’ils font, avec un bel engagement.
En revanche, certains points laissent à désirer.
… qui peine à trouver un souffle
Globalement les interprètes jouent très bien, même si certains forcent un peu par moments. En revanche, le maniérisme exagéré de l’adresse frontale et des acteurs qui ont pour consigne de s’effleurer sans jamais se toucher est pour le moins déroutant – et daté.
La structure de scène plutôt astucieuse, qui commence avec la forme d’une roue allemande mais qui se transforme ensuite pour évoluer, plaît d’abord. Qu’elle puisse servir de support de projection en tendant une toile au travers est également une excellente chose. Mais à la longue certaines de ses configurations semblent inadaptées ou montrées pour le principe, comme si la metteuse en scène n’avait pu se résoudre à l’escamoter.
Plus embêtant, la manipulation de certaines marionnettes laisse un peu à désirer, brandies comme elles le sont à certains moments, comme s’il s’agissait plutôt d’agiter un accessoire cérémonial à faire remarquer que d’insuffler une anima à un personnage. L’un des passages en marionnette, d’ailleurs, où un personnage campé par un acteur se retrouve subitement incarné par une petite effigie, semble assez peu justifié.
Le spectacle, surtout, est trop long et trop lent. Les trois arcs narratifs qui se développent sont difficiles à suivre à certains moments, et on a finalement du mal à les réconcilier. L’ensemble reste sur une morale assez convenue, avec des péripéties trop rocambolesques pour qu’on se laisse entraîner à souffrir pour les personnages.
Au final, quelques très belles images, un excellent conteur, des musiciens de talent, mais l’ensemble peine à convaincre ou à émouvoir… beaucoup de ses défauts pouvant certainement s’estomper par quelques coupes intelligentes.
TEXTE Hélène Ducharme, Hamadoun Kassogué, Patrick Mohr, Humberto Pérez Mortera
INTERPRÉTATION ET MANIPULATION Mathilde Addy-Laird, Salim Hammad, Hamadoun Kassongué, Jon Lachlan Stewart, Iannicko N’doua, Luz Tercero
MUSIQUE ET MANIPULATION Dramane Dembélé, Kristin Molnar
MISE EN SCÈNE Hélène Ducharme
CONSEILLER ARTISTIQUE Patrick Mohr
SCÉNOGRAPHIE Normand Blais
MARIONNETTES Iker Vicente
COSTUMES Diane Lavoie
CONCEPTION ÉCLAIRAGES Valérie Bourque
Visuels: (c) Sophie Lavoie