Entrez et Fermez la porte, Jacques Higelin prête sa voix à Marie Billetdoux à l’Essaïon
A l’heure où la Télé Réalité se gorge de concours en tout genre, Marie (Raphaële) Billetdoux fait passer un casting de cinéma au théâtre. Entrez et fermez la porte, c’est Jacques Higelin qui vous reçoit.
Dix personnages pour sept comédiennes. Sept incroyables lolitas aux profils singulièrement différents, sont toutes reliées par une relation particulière à leur mère, pas là ou trop là au choix. Ces post-adolescentes sont déjà blasées. Quand le réalisateur invisible leur demande “Qu’est-ce que la galanterie ? », l’une répond “de la farine”, l’autre “un pâté très fin”, encore une “un préservatif”. Elles sont sexy, jupes mini-mini, normal, l’annonce précisait, semble-t-il, qu’il fallait montrer ses jambes.
La célèbre romancière, auteur notamment du très personnel roman épistolaire C’est encore moi qui vous écrit en 2010, a écrit Entrez et fermez la porte en 1991 qui devient aujourd’hui une pièce, dont le texte sera édité aux Editions Actes Sud-Papiers le 6 février.
On découvre Marie Billetdoux parfaite dans le rôle. L’écriture de la pièce choisit le parti pris d’une direction franche : «Elle avance, mégot à la bouche, sac au dos. Sous le bras, une grosse grenouille en peluche, bijoutée de la tête aux pattes. » Les comédiennes s’exécutent.
Ainsi, les dix impétrantes vont passer l’une après l’autre dans une salle ici parfaitement adaptée au sujet, voutée et munie d’un escalier. La première ouvre une porte, on entend le bruit du couloir, parle, repart, claque la porte, et ainsi de suite, jusqu’à épuisement des candidates.
Elles viennent passer une audition pour un film dont le spectateur ne sait rien et dont il comprendra au fur et à mesure que le réalisateur n’est pas plus avancé. Il cherche une fille, entre 16 et 20 ans. Il les questionne sur leur vie, jusqu’au petit nom que leur maman donnait à leur défécation. Les révélations en disent beaucoup du caractère des dames : rebelle comme Barbara, anxieuse comme Rachel, inhibée comme Julie. Il gratte l’intime jusqu’aux intestins au point de donner la nausée à pas mal d’entre elles, suscitant crises de colère, larmes ou rire exubérant. A rebours, la surdouée se glisse dans la provoc’ dans un jeu de jambes cabaret. Les demoiselles font en résumé de leur mieux pour se débattre dans cette situation incongrue. Imaginez : passer un entretien sans voir son recruteur… étrange non ?
Les comédiennes excellent et s’amusent dans ce faux seule en scène où chacune va s’affronter à la voix de l’homme dont toutes admirent le travail. Au fur et à mesure, on commence à comprendre qui il est et ce qui le pousse à poser des questions harcelantes teintées de perversité.
Le rythme est là, scandé par les entrées et sorties des candidates, il s’agit de faire, bonne ou mauvaise, là n’est pas la question, impression. Les filles déploient un jeu de scène efficace et resserré, chaque audition ne dure pas plus de cinq minutes. Il s’agit de susciter l’émoi, convaincre l’homme, et dans un même élan, le public.
Vous l’aurez compris, dans ce casting théâtral, nous sommes autant juges que voyeurs. Vous prendriez laquelle pour le rôle… vous ?
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