
Deux farces de Molière revisitées par le Théâtre Mu et ses marionnettes à Villeneuve
A Villeneuve lez Avignon, les comédiens marionnettistes du Théâtre Mu présentent deux farces de Molière : Le Médecin volant et La Jalousie du Barbouillé. Cette double proposition plutôt plaisante s’inscrit parfaitement dans l’esprit du Festival de théâtre en itinérance. Le metteur en scène Ivan Pommet donne sa lecture des textes à la fois proche et distanciée, il fait revivre fidèlement l’esprit des tréteaux tel que le pratiquait le grand dramaturge classique avec sa troupe l’Illustre Théâtre tout en cherchant d’autres modes de représentation comme l’usage de la marionnette. Et la simplicité artisanale de la réalisation fait merveille auprès de tous les publics.
Au début du spectacle, une charrette s’avance. Une fois démantibulée, ses composantes forment les différents éléments des décors pour les deux pièces. Les marionnettes, vêtues de linges blancs et de fillasse évoquent immédiatement les Lazzi tels qu’on peut les voir dans les tableaux d’époque. Elles sont confectionnées à partir de pas grand chose (chiffons, morceaux de bois, scelle de vélo, toile de jute et autres matières de récupération) mais toutes sont finement caractérisées. Elles sont à l’image d’un spectacle amusant et insolite par son côté de bric et de broc. On retrouve l’atmosphère des places de marchés où les comédiens ambulants installaient leur barnum, donnaient de la voix et jouaient de la musique pour séduire et rameuter la foule. C’est tout ce théâtre forain et populaire qui est convoqué sur le plateau. Le manipulateur a son pantin accroché à lui, par les chevilles et les bras, à la fois comme un double et un miroir de sa propre vie d’artiste dont il présente une drôle de mise en abyme. Dehors, à l’extérieur du chapiteau, les caravanes alignées des comédiens qui vivent le temps du festival dans le cadre champêtre et paisible du verger de Villeneuve sont le reflet de ce qu’on voit dans le spectacle.
Les comédies présentées sont des textes courts, écrits en prose à partir de canevas convenus tirés de la Commedia dell’arte dans lesquels on trouve les prémices de comédies ultérieures plus importantes telles que Georges Dandin ou Le Médecin malgré lui. Il y a le vieux père dupé, les jeunes amoureux contrariés par la volonté d’un père, le valet triomphateur par malice, le mari jaloux et ivrogne qui querelle sa femme qu’il croit infidèle. Tout le génie de Molière se trouve dans les comiques de situation, faits de quiproquos, de travestissement qui sont les ingrédients canoniques du genre.
Le spectacle, un peu longuet, offre néanmoins de beaux moments et cela grâce au jeu énergique des comédiens et la belle complicité qui les unit, aussi bien chez les premiers acteurs que chez les trois interprètes burkinabè qui assurent la deuxième partie du spectacle. Ils revisitent avec talent la forme et le fond en trouvant l’équilibre entre l’hommage et la distance avec la tradition, se permettent d’adapter le texte et d’improviser quand ils le souhaitent. C’est un spectacle plein de trouvailles esthétiques et de vivacité.
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sonia
tfoo sur se site vous etes bete