Théâtre
[Critique] Ceux de 14 de Maurice Genevoix / Olivier Lacut

[Critique] Ceux de 14 de Maurice Genevoix / Olivier Lacut

16 January 2015 | PAR Matthias Turcaud

C’est dans la petite salle de la Bohème au théâtre des Déchargeurs, choisie exprès pour l’atmosphère intimiste et la jauge réduite qui la caractérisent, que le comédien Olivier Lacut propose de faire réentendre chaque jeudi un épisode différent de Ceux de 14, l’impressionnante somme romanesque de Maurice Genevoix sur la grande guerre, avec simplicité, dans un spectacle modeste mais touchant. 

[rating=3]

C’est d’abord comme un cérémonial, un rituel non dénué d’un peu de solennité. On est invités à descendre les marches pour arriver à la petite salle “La Bohème” du théâtre des Déchargeurs – une salle à la jauge réduite, intimiste donc conviviale, mais en même temps relativement intimidante, ses murs pouvant évoquer ceux d’une cathédrale.

La scène n’est pas vraiment distincte de la salle, et la scénographie – des bougies, des coquelicots et des journaux d’époque – envahit l’espace de “La Bohème” tout entier.

Eu égard à la taille de la salle, le comédien Olivier Lacut ne porte pas la voix pour faire résonner ces mots de Genevoix sur ces tragédies d’un autre temps qui n’ont cependant pas du tout perdu de leur actualité. Il nous parle d’une voix caressante et feutrée, comme on lirait une histoire à un enfant avant qu’il ne s’endorme – même si, en l’occurrence, ce ne sont pas vraiment des histoires faites pour s’endormir.

Très mobilisé, le comédien porte la gravité des situations, mais aussi les parenthèses de lyrisme, l’ébahissement devant un hêtre. De temps en temps, il interrompt sa lecture investie pour indiquer d’un doigt dansant, en chef d’orchestre discret, le moment pour la régie son de faire entendre telle interview archivée de Maurice Genevoix, ou telle chanson d’époque. Les pauses lui servent aussi à saisir une bouteille posée en-dessous de son pupitre pour boire – à la manière des Poilus qui avaient toujours une gourde à portée de main, pouvant tenir plusieurs jours sans manger mais beaucoup moins de temps sans boire.

Si une immersion totale dans l’univers convoqué est parfois compromise par le fait qu’il s’agit d’une (seule) lecture, on aime cette conception d’un théâtre intimiste, très proche et complice de son public.

Crédit photos : Michel Pourny.

Ceux de 14, texte de Maurice Genevoix, de l’Académie française. Mise en scène et interprétation d’Olivier Lacut. Collaboration artistique de Delphine Darvenne. Au Théâtre des Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs (1er). Téléphone : 01 42 36 00 50. 

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Matthias Turcaud
Titulaire d'une licence en cinéma, d'une autre en lettres modernes ainsi que d'un Master I en littérature allemande, Matthias, bilingue franco-allemand, est actuellement en Master de Littérature française à Strasbourg. Egalement comédien, traducteur ou encore animateur fougueux de blind tests, il court plusieurs lièvres à la fois. Sur Toute La Culture, il écrit, depuis janvier 2015, principalement en cinéma, théâtre, ponctuellement sur des restaurants, etc. Contact : [email protected]

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