
“Barouf en automne”, une pièce allemande à l’humour ciselé
Émilie Capliez met en scène la lecture d’un texte de Dirk Laucke pour la Mousson d’été. Elle a décidé d’aimer ces personnages pathétiques et crée une scénographie et un accompagnement musical où elle restitue l’humour de chaque situation. Les éclats de rire rendent hommage au geste.
Un Rémi De Vos allemand
Dirk Laucke est l’invité de la 25e édition de la Mousson d’été. Né en Saxe en 1982, il a étudié la psychologie à l’Université de Leipzig et l’écriture scénique à l’Université des Arts de Berlin, où il vit. Il écrit pour le théâtre, le cinéma et la radio et met parfois en scène ses propres textes. Son premier roman a été publié en 2015. Il est lauréat de nombreux prix en Allemagne dont le Prix Kleist – jeune dramaturge pour Alter Ford Escort dunkelblau (2006), le prix Lessing de l’État libre de Saxe (2009), le Prix de dramaturgie décerné par la Fédération des industries allemandes (BDI) ou le prix Georg Kaiser de l’État de Saxe-Anhalt (2011). Dans Barouf en automne, il cisèle une histoire qui rappelle l’univers de Rémi de Vos aux couleurs de l’absurde, des égoïsmes et de la solitude des êtres.
La puissance comique de Christophe Brault
Jürgen et Katrin, deux amis retraités, mènent une vie peu exaltante entre leur quotidien modeste et le centre commercial du coin. En faisant du tri chez elle, Katrin tombe sur un vieux Leica qu’elle juge par erreur sans valeur marchande et l’échange contre un appareil numérique flambant neuf. L’opération hautement symbolique est le point de départ d’une expédition menée tambour battant pour récupérer le Leica au dépôt du magasin. En chemin, le duo tissera un lien particulier avec l’un des vendeurs, à la veille de son licenciement. Dirk Laucke se penche ici sur la vie des laissés-pour-compte. Son humour grinçant va de pair avec une évidente sympathie pour ses personnages, pris dans les rets d’un néo-libéralisme cynique, qui se révèlent également égoïstes et cyniques. A la fin de la journée, le couple se re-forme autour du jeune complice, adopté comme le nouvel enfant d’une famille recomposée. Le public rit à chaque situation. Il ne s’agit pas de simples gags, mais bien de ruptures cocasses dans le récit et d’attachantes déconvenues dans l’intrigue. Christophe Brault se régale de son personnage attachant, nombriliste mais alangui. Et nous régale.
Barouf en automne, de Dirk Laucke (Allemagne), traduction Juliette Aubert-Affholder
Lecture dirigée par Émilie Capliez
Avec Christophe Brault, Sébastien Eveno et Catherine Matisse
Crédits Photos Boris Didym