Théâtre
Alexandre Messina, cinéaste : Dans le doute ne t’abstiens surtout pas.

Alexandre Messina, cinéaste : Dans le doute ne t’abstiens surtout pas.

26 July 2011 | PAR Pascal

Alexandre Messina, dès la naissance avait déjà un nom de réalisateur. Le bien nommé « cinéaste de la fraîcheur », tant pour son œil de la nature humaine que de sa culture, se lance dans son nouveau long métrage AE. Passionné jusqu’aux bouts de ses yeux bleus méditerranéens, grand amateur de Godard derrière l’objectif, il a forgé une méthode de travail dont chaque cadre est une expression permanente et transcendante de la vie. Son regard sur les générations futures relève d’une véritable expertise sociologique, sans en développer l’ennui en plans séquences d’un esthétise surfait, car chez lui tout est cinéma. Son art de la direction d’acteurs est fort et exigeant pour offrir dans une topographie précise toute la lumière dont l’humain est capable, allant parfois jusqu’à son propre onirisme : Sartre et son huit clos filmé entre un Cassavetes de la psychologie à fleur de chair et un Almodovar surréaliste. Dans le doute il ne s’abstient pas, au contraire. Quant à l’ombre, elle est bien souvent notre relief, des moments où l’on aimerait arrêter l’image. Après Les marais criminels narrant la cavale de deux jeunes filles après un crime dans une boîte de Pigalle qui fuient dans les Marais Poitevins , Pascal Szulc pour Toutelaculture revient sur un parcours subtil dans un monde cinématographique brutal standardisé.

 

TLC : Alexandre Messina, qu’est ce qui vous pousse à faire un film dans un monde ou la production cinématographique est en grande difficulté et ou les budgets sont difficiles à obtenir ?

A.M. : Tout d’abord la production cinématographique n’est pas en difficulté ! en réalité il n’y a jamais eu autant d’argent dans le cinéma et les films n’ont jamais coûté aussi cher ! Par contre il est vrai que les guichets sont encombrés et que les budgets sont difficiles à obtenir et conditionnés majoritairement par des questions de rentabilité, bankabalisation  etc.… Peut être y a-t-il un problème de répartition entre films d’auteur et grosses machineries qui ostracisent les budgets modestes !

TLC : Quelle est la motivation réelle pour faire un film ?

A.M. : La première motivation pour faire un film est LE FILM ! C’est un sujet qui nous tient à cœur et surtout qui nous tient à cœur longtemps ! Quand on se penche 2 à 3 années sur un projet et qu’il continue de nous habiter, c’est qu’il faut le tourner ! Moi ce qui me passionne c’est une globalité ! C’est m’affronter aux problèmes d’écriture mais aussi de production, tenter de créer des modèles économiques, c’est tenter d’acquérir une indépendance artistique au sein d’un système, par des modes un peu artisanaux. Mes sources d’inspiration sont Mike Leigh, Lelouch, Bresson ou Truffaut en d’autres temps, Godard en tous temps ! Des artistes qui expérimentent, qui cherchent et dont l’énergie transcende les œuvres.

TLC : Qu’est ce qui fait la particularité d’un film avec une méthode Messina car il y a véritablement une méthode Messina !

A.M. : Il y a une démarche guidée par une passion pour un sujet, pour des acteurs et pour un dispositif qui me rend moins malheureux que les autres. Au moment des ‘’Marais criminels’’ on a parlé d’un ‘’cinéma de la fraîcheur’’ ! Je me reconnais là dedans ! Je revendique un cinéma libre, vivant et frais ! Cette fraîcheur est recherchée dans la fabrication du film par des moments de pure improvisation. C’est aussi l’envie de travailler dans les rôles titres avec des comédiens moins identifiés du publics mais qu’on va suivre plus facilement dans une histoire car ils sont monsieur ou madame ‘’tout le monde’’ ! Et on adore au cinéma suivre monsieur ou madame ‘’tout le monde’’ tomber dans un engrenage et se dépatouiller de contraintes et d’accidents en tous genre ! Et monsieur et madame tout le monde, c’est nous !

TLC : Vous choisissez toujours des comédiens plutôt jeunes, d’une vingtaine d’années !

A.M. : Pas toujours jeunes ! J’ai adoré travaillé avec Jojo, qui a près de 60 ans. Mais il est vrai que je traite en ce moment de problématiques de la jeunesse  d’aujourd’hui, qui me touche particulièrement : en effet il est interdit d’être insouciant ! Sinon on le paie très cher ! De plus j’aime que l’acteur ne vienne pas sur le plateau avec sa science, qu’il maîtrise parfaitement son personnage mais qu’il découvre les situations, avec sa belle vulnérabilité !

TLC : C’est ça la méthode Messina : une préparation longue, un cadre, et à partir de là vous laissez un espace de liberté dans cet environnement plutôt défini ?

A.M. : Oui ! J’aime immerger des personnages de fiction dans le documentaire de la vie !

TLC : Aujourd’hui dans l’atelier de formation que vous animez, vous avez des réussites !

A.M. : Je ne m’octroie aucune réussite mais suis fier de constater qu’Ophélie Bazillou en qui j’ai cru en 2008 pour le tournage des ‘’Marais criminels’’ a décroché le rôle principal d’une série pour TF1. J’ai cru en elle un peu avant les autres ! Idem pour Carolina Jurczac qui a le rôle principal d’un téléfilm pour M6 et avec qui j’ai envie de tourner depuis un an ! (voir le teaser de mon nouveau film). Ce sont 2 jeunes filles qui ont décidée un jour pour leur vie entière qu’elles seraient actrices ! C’était programmé ! et donc ça arrive forcément à un moment ou à un autre ! Ça on le décèle tout de suite ! la réussite est inéluctable ! C’est une question de temps ! Il y en a quelques autres à l’atelier dont on devrait bientôt entendre parler !

TLC : Vous êtes sur un autre projet ?

A.M. : On est sur un projet (avec toute une équipe, seul on ne fait rien !) qui va s’appeler AE ! C’est un film qui se veut un constat sur la jeunesse d’aujourd’hui !

– C’est quoi avoir 20 ans aujourd’hui ?

– C’est quoi l’Amour à 20 ans ?

–  Peut-on monnayer son amour ?

– C’est quoi la prostitution aujourd’hui ?

TLC : Si vous deviez garder une seule image des ‘’Marais criminels’’ quelle serait –elle ?

A.M. : Le dernier film d’insouciance des 2 filles…. juste avant le drame ! Un moment où on aimerait arrêter l’image !

TLC : Il y a un côté Lamartine chez vous. Comme si vous étiez là pour sentir le dernier souffle !

A.M. : Le film devait s’appeler le souffle court.

 

« En amenant ainsi les êtres à se dépasser, Alexandre Messina offre au spectateur un univers rempli d’idéaux brisés et de rêves inaccomplis, qui puise sa force dans le renouvellement constant des individus et de leurs aspirations. Ce film est le projet d’une décennie mais pas celui de toute une vie. » article de Ranjitha DELEBECQUE, paru dans Artistik Rezo (23/02/2010)

Sur cette nouvelle décennie et le regard du réalisateur avec vue sur l’avenir, il est dit ceci dans l’un des teasers du film, ouverture, constat et finalité. « Et si l’amour n’était qu’une consommation « fast et food » ? Le coût du lapin… au prix fort. Une économie du marche ou rêve ? « Pourquoi ne pas en abuser ? » se dit Alice dans le tunnel. Après tout, la VHS avait fait la gloire du x et une banalité du mâle, et de la femme un objet. Il était tant de devenir e sujet de sa propre liberté. Oui, mais laquelle ? » Quand l’ombre du doute nous éclaire !

 

AE, Film générationnel, comédie avec vue sur l’avenir, en développement, comme nos enfants.

Pascal Szulc

Pour les actrices et acteurs, professionnels ou pas, désireux de participer aux troupes de cinéma d’Alexandre Messina, les inscriptions aux stages sont lancées pour la rentrée d’octobre. Le propre de ces stages, outre les savoir-faire devant la caméra, dans un contexte « opérationnel » réel, est de déboucher sur un long métrage dans l’été 2012 ainsi que des courts et moyens métrages.

Pour tout renseignement, écrire une lettre de motivation simple sur votre vision de l’acteur. (5 à 10 lignes) à l’adresse suivante : [email protected]

 

RDV et casting obligatoires avec le réalisateur.

 

 

 

 

 

 

 

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