A Avignon, Papperlapapp déçoit moins en version courte
Après les huées et les sorties sonores du public, Christophe Marthaler ampute de 30 minutes sa création pour le Palais des Papes. L’ensemble est une performance pas si déplaisante sur les Papes et le christianisme. A moins que nous soyons au purgatoire ? En trois points, voila pourquoi il ne faut pas boycotter ce spectacle.
Une cour et un mur rarement aussi bien exploités
Pour une fois qu’un artiste monte un spectacle en osant affronter la cour, cela se salue. 800 m2 de plateau surplombé d’un mur immense. Marthaler utilise les fenêtres pour y faire jouer ses musiciens et chanter ses comédiens.
Des voix baroques qui prennent de la hauteur
Bach, Chopin, Satie, nombreux sont les moments chantés du spectacle. Là encore les chanteurs se positionnent dans l’ensemble du Palais. Belle idée et beau tableau que ce choeur des femmes aligné au plus haut du mur.
On s’marre bien !
L’histoire commence de façon burlesque avec une venue au monde par l’arrière d’un camion posé sur scène, un homme maigre avec une canne blanche demande à ces visiteurs de le suivre.
C’est parti pour deux heures de grand n’importe quoi certes, mais tellement de folie mérite d’être saluée. On aura rarement vu de décor aussi interactif dans la cour : une machine à laver pour robes de bure, une glacière, des gisants à farce, une église …
Finalement, on s’ennuie un peu mais pas trop, on rit souvent, on connait des sensations nouvelles en passant le mur du son. Ça vaut bien des applaudissements et ne mérite ni huées ni départs tonitruants .Il faut prendre ce spectacle pour ce qu’il est : 2 heures de performance sur le Palais des Papes, pour le Palais des Papes.
16 et 17 juillet , Cour d’honneur du Palais des Papes, 22H, 13€ à 31€, durée 2H.
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3 thoughts on “A Avignon, Papperlapapp déçoit moins en version courte”
Commentaire(s)
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Philippe LAURENT
Un spectacle à la fois reposant et déroutant. Mais faisant preuve d’une grande intelligence. Sans doute incompris par de nombreux spectateurs, ce qui est assez logique. Avignon, c’est de plus en plus le festival de la provocation (gentille), de l’insolite, du corps … plutôt que celui du théâtre classique et du verbe. Mais pourquoi pas ? Du moment que cela fait débattre et permet d’échanger. Ce qui est moins bien, en revanche, ce sont les onomatopées de ceux qui n’aiment pas et leur propension à marteler les gradins métalliques en quittant le lieu avant la fin. Ils dérangent les autres. C’est la preuve de leur intolérance.
Jean-Luc DERYCKX
Je crois (sans double sens) qu’il faut signaler aussi que c’est une des rares fois où une pièce créée à Avignon a un contenu contemporain, social et subversif : en l’occurrence ici sur l’Eglise (les Eglises). Et cela fait du bien. Cela nous change des regards introspectifs habituels tournés vers l’âme humaine.
Amelie Blaustein Niddam
Merci à vous deux pour ces commentaires appuyés et si bien livrés.