Opéra
Une Dame blanche de très belle tenue à l’Opéra de Limoges

Une Dame blanche de très belle tenue à l’Opéra de Limoges

01 February 2023 | PAR Hélène Biard

Depuis quelques années l’opéra La dame blanche du compositeur François-Adrien Boieldieu (1775-1834) revient en force sur le devant de la scène. La nouvelle production de l’Opéra de Limoges du chef-d’œuvre de Boieldieu, très classique, est défendue avec talent par une distribution menée de main de maître par un Julien Dran en grande forme.

Si en 2021 la Co[opéra]tive avait proposé une production assez originale de La dame blanche dont nous avions parlé après son passage au festival de Saint-Céré, l’Opéra de Limoges en propose une lecture très différente, mais tout aussi séduisante. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les responsables de la structure limougeaude ont vu juste en programment ce très bel opéra.

Une mise en scène efficace dans un écrin

C’est Pauline Bureau qui a été invitée à réaliser la mise en scène de cette nouvelle production de La dame blanche. Dès l’ouverture le rideau se lève sur un paysage très typé XVIIIe siècle ; la bonne surprise vient de l’utilisation très judicieuse d’effets spéciaux pendant toute la représentation et on ne peut que saluer le très beau travail de la vidéaste Nathalie Chabrol. C’est ainsi que, pendant la musique nous voyons apparaître un hologramme représentant le fantôme de la dame blanche veillant sur le castel d’Avenel, ses environs et ses habitants ; c’est ainsi que le bienveillant fantôme protège une paysanne endormie des « ardeurs » malvenues d’un villageois un peu trop entreprenant. Dès la fête du baptême, les mouvements de foule sont parfaitement réglés. Les décors d’Emmanuelle Roy et les costumes d’Alice Touvet emmènent directement le spectateur dans l’Écosse du XVIIIe tant l’auberge du village d’Avenel, les paysages et le château (ou castel) lui-même sont saisissants de réalisme.

L’orchestre et le chœur de l’Opéra de Limoges font honneur à Boieldieu et à sa Dame blanche

Dans la fosse c’est Fayçal Karoui dirige l’orchestre. Et c’est un festival que nous offrent le chef et ses musiciens ; la direction est ferme, nerveuse, précise, les nuances et les tempos sont quasi parfaits. Excellent musicien, Karoui est très attentif à ce qui se passe sur le plateau et ne couvre jamais les artistes présents sur la scène de l’Opéra de Limoges. Quant au chœur, parfaitement préparé par Arlinda Roux Majollari, sa cheffe, il nous offre une performance parfaite ; la diction est excellente, les artistes des chœurs suivent le chef avec une précision millimétrée et chacun joue avec un plaisir évident et on les voit, ici et là, esquisser quelques pas de danse mettant ainsi une ambiance bonne enfance pendant toute la soirée.

Une distribution très en forme menée tambour battant par Julien Dran

Pour cette production de La dame blanche, les responsables de l’Opéra de Limoges ont invité une distribution totalement française, ce qui est assez rare pour être signalé. À tout seigneur, tout honneur, Julien Dran campe un Georges Brown de très haute volée ; la voix légère à la tessiture ample permet à Julien Dran de chanter les airs de Georges avec une belle aisance. Si « Ah quel plaisir d’être soldat » est interprété sans faiblesse, c’est surtout l’air du deuxième acte « Viens gentille dame » qui obtient un succès phénoménal auprès d’un public conquis.

Melissa Petit est une très belle Anna ; sûre d’elle, méprisant Gaveston, l’intendant qui est aussi son tuteur, qu’elle sait arrogant, méchant et ambitieux ; mais pour le dompter, elle sait quelles armes utiliser. Elle n’a qu’un air « Enfin je vous revois, séjour de mon enfance » qu’elle chante avec aplomb.

C’est Jean-Luc Ballestra qui incarne l’intendant Gaveston ; il est retors et méchant à souhait. L’intendant du castel d’Avenel n’a pas d’air propre, mais dans chaque duos ou ensemble dans lesquels il intervient, Ballestra fait ressortir toute l’ambition et la méchanceté de son personnage avec talent.

Sophie Marin-Degor est une Jenny pimpante et charismatique ; dès son entrée en scène, on voit une femme de tête qui ne s’en laisse pas compter. Marin-Degor interprète son unique air « Chut, chut … D’ici voyez ce beau domaine » avec une belle autorité.

Quant à François Rougier, il incarne un Dickson généreux et timoré à souhait ; plein de bonne volonté, il se dégonfle assez rapidement et Rougier rend parfaitement les sentiments contradictoires qui se bousculent dans la tête de Dickson. La lecture de la lettre de la dame blanche qui s’enflamme dans la foulée n’aide pas le malheureux Dickon à se détendre ; le travail, réalisé en amont par les trois artistes et le magicien Benoit Dattez est d’autant plus important qu’il fallait éviter des réactions apeurées. Cécile Galois (Marguerite) et Édouard Portal (Mac-Irton) complètent avec bonheur une très belle distribution. Et le public, venu nombreux, ne s’y est pas trompé en réservant à l’ensemble des artistes, tant sur la scène que dans la fosse, une ovation grandement méritée.

L’Opéra de Limoges a frappé un grand coup avec cette très belle production de La dame blanche. L’ensemble des artistes a fait honneur à François-Adrien Boieldieu (1775-1834) en donnant vie à son chef-d’œuvre avec talent.

Visuels : © Steve Barek

Le programme de l’opéra de Limoges est ici.

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