Opéra
L’art lyrique secoué par la guerre en Ukraine, Valery Gergiev en difficulté, Anna Netrebko prend finalement position.

L’art lyrique secoué par la guerre en Ukraine, Valery Gergiev en difficulté, Anna Netrebko prend finalement position.

27 February 2022 | PAR Paul Fourier

L’offensive déclenchée par Vladimir Poutine a provoqué des réactions dans un monde d’ordinaire peu ouvert aux prises de positions politiques.

Dès jeudi matin, des artistes lyriques ont commencé à afficher leur soutien au peuple ukrainien sur leurs réseaux sociaux, Facebook, Instagram ou Twitter. La liste est longue (et mise à jour régulièrement) des chanteurs qui se sont déjà exprimés : Aleksandra Kurzak, Anita Rachvelishvili, Kristine Opolais, Asmik Grigorian, Marina Rebeka, Sonya Yoncheva, Karita Mattila, Olga Peretyatko, Lisette Oropesa, Nino Machaidze, Marina Viotti, Piotr Beczala, Vittorio Grigolo, Arturo Chacon-Cruz, Michael Fabiano, Freddie de Tommaso, Sébastien Guèze, Ermonela Jaho, Eleonora Buratto, Annalisa Stroppa, Brian Jagde, Nadine Sierra, Anita Hartig, Erin Morley, Lise Davidsen, Isabel Leonard, Lilly Jorstad, Brian Jagde, Enea Scala, Pavol Breslik, Maxim Mironov, Vittorio Prato, Marco Angioloni, Adam Smith, Rame Lahaj, Dovlet Nurgeldiyev…

Dès jeudi également, des grands chefs comme le Russe Semyon Bychkov et l’Ukrainienne Oksana Lyniv ont condamné l’attaque. D’autres comme Lorenzo Viotti qui dirige actuellement Thaïs à la Scala de Milan se sont inscrits dans le même mouvement ; Jeudi soir, à Berlin, le chef d’orchestre Vladimir Jurowski a démarré son concert avec le Rundfunk-Sinfonieorchester avec l’hymne ukrainien.

À l’inverse, des artistes proches du Président russe commencent à être mis en cause. Dans un courrier commun, le maire de Milan, Giuseppe Sala et Dominique Meyer, le surintendant de la Scala ont demandé à Valery Gergiev (que l’on sait proche de Vladimir Poutine), qui a dirigé mercredi La dame de pique à la Scala de condamner l’invasion de l’Ukraine, faute de quoi les contrats qui le lient au théâtre scaligère seront résiliés. De façon concomitante, le Carnegie Hall de New York a fait savoir que le chef ne dirigera pas, comme prévu, le Vienna Philharmonic les 25, 26 et 27 février. Il sera remplacé par Yannick Nezet-Seguin. Le maire de Munich a également demandé, ce vendredi, à Gergiev de clarifier sa position, le chef étant le directeur du Munich Philharmonic. Enfin, le Rotterdam Philharmonic menace également d’annuler l’ensemble des concerts réalisés avec lui.

La situation du chef est d’autant plus délicate que le ministère de la culture russe a annoncé hier que le fait de se prononcer contre l’invasion sera considéré comme un acte de trahison. Il n’est donc pas impossible que les spectateurs de la Scala aient assisté, le 23, à la dernière représentation de Gergiev dans le monde occidental avant longtemps…

Après avoir temporisé vendredi, Anna Netrebko, une autre personnalité russe dont les prises de position sont questionnées, a publié, samedi, le texte suivant : «J’ai pris le temps de réfléchir car je pense que la situation est trop grave pour être commentée sans vraiment y réfléchir. Tout d’abord : je suis contre cette guerre. Je suis russe et j’aime mon pays mais j’ai beaucoup d’amis en Ukraine et la douleur et la souffrance en ce moment me brisent le cœur. Je veux que cette guerre se termine et que les gens puissent vivre en paix. C’est ce que j’espère et je prie. Je tiens à ajouter, cependant, qu’il n’est pas juste d’obliger les artistes ou toute personnalité publique à exprimer leurs opinions politiques en public et à dénoncer leur patrie. Cela devrait être un choix libre. Je ne suis pas une personne politique. Je ne suis pas un expert en politique. Je suis un artiste et mon but est d’unir au-delà des clivages politiques.»

Signe que la guerre agite le monde lyrique, samedi 26 février, à l’issue d’une représentation d’Aïda au Teatro de San Carlo de Naples , la soprano ukrainienne Liudmyla Monastyrska et la mezzo-soprano russe Ekaterina Gubanova se sont étreintes longuement au moment des rappels. Par ce geste symbolique, les deux artistes voulaient envoyer au monde un message de paix.

Lundi 28 février, c’est tout le cast de la première de Don Carlo qui chantait l’hymne national ukrainien au Metropolitan Opera. 

Mercredi 2 mars Alexander Neev, directeur général de l’Opéra de Paris a déclaré dans un communiqué officiel: “L’Opéra veillera à ne pas s’engager avec elles ni avec les artistes qui auraient manifesté publiquement leur soutien au régime”.

Visuels : capture d’écran des pages des réseaux sociaux des artistes

 

 

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