
Les femmes générales de la famille Yang
Cela faisait bien des années que le théâtre de la Ville n’avait accueilli une aussi grande troupe d’opéra de Pékin. Avec pas moins de 60 artistes issus de la prestigieuse troupe Jingju de Beijing, c’est une représentation flamboyante de la célèbre pièce Les femmes générales de la famille Yang qui s’offre aux yeux des spectateurs jusqu’au 24 octobre 2015.
XIe siècle de notre aire, la dynastie Song est menacée par un royaume de l’ouest. Yang Zongbao, chef de famille et général de l’armée, dirige les troupes de défense lorsqu’il est tué par une flèche. Au même moment, sa famille s’apprête à célébrer ses 50 ans et festoie dans l’ignorance de la tragique nouvelle. Une fois les messagers arrivés, ce n’est que pleurs et tristesse de la perte du dernier homme en âge de combattre de la famille. L’empereur, également informé de la mort de son général sur les marches de l’Empire, est fort peiné mais, ne trouvant aucun noble pour lever une nouvelle armée, se résigne à demander la paix à son voisin belliqueux. A l’annonce de cette nouvelle, les femmes de la famille Yang sont révoltées et se proposent pour mener l’armée, défendre le pays et venger le défunt. D’abord dubitatif, l’empereur et ses ministres acceptent devant leur fougue. Elles se mettent donc en campagne dans leurs armures rutilantes.
Le fond de l’histoire, étonnamment moderne avec ses femmes fortes et ses hommes de pouvoir peureux et indécis voir fourbes, fait la part belle aux nombreux rôles féminins. Sans aller jusqu’à qualifier la pièce de féministe, l’on se réjouit de voir les personnages féminins prendre leur destin en main au lieu d’attendre la venue du héros salvateur.
Les tableaux se succèdent à un rythme effréné pendant les deux heures que dure le spectacle. Intérieur de palais, montagne, forteresse, les décors sont nombreux. Y évoluent une soixantaines d’artistes chanteurs, comédiens, clowns, acrobates parés de magnifiques costumes. La qualité de leurs prestations impressionne : minutie et délicatesse des gestes codifiés, synchronisation, mouvement graciles et chants soutenus. Les acrobates semblent à peine toucher le sol lors de leurs scènes virevoltantes. Une fluidité et une perfection d’exécution qui ne s’obtient qu’après de longues années d’entraînements.
Concernant les représentations au théâtre de la ville, le spectacle émerveille par la qualité du jeu des comédiens, des costumes et des décors de fond de scène. La seconde partie, avec l’entrée en matière des acrobates, est très impressionnante. L’on regrette toutefois que l’instrumentation soit un peu trop forte par rapport aux chants, rendant les paroles presque indistinctes pour une oreille non avertie. Enfin, dans une salle bondée il fait rapidement chaud, ce qui s’avère relativement désagréable.
La pièce reste cependant très intéressante, dépaysante et visuellement éblouissante pour les amateurs d’opéra de Pékin et spectateurs curieux.
Informations pratiques :
THÉÂTRE DE LA VILLE : 2 PLACE DU CHÂTELET PARIS 4
COMPAGNIE DE THÉÂTRE JINGJU DE BEIJING CIE : LES FEMMES GÉNÉRALES DE LA FAMILLE YANG première française
DU 21 AU 24 OCTOBRE 2015, 20h30, EN CHINOIS, SURTITRÉ EN FRANÇAIS
Visuel : Le théâtre Jingju de Beijing. CR : DR