Danse
Souls, Olivier Dubois fait danser la violence

Souls, Olivier Dubois fait danser la violence

18 January 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Olivier Dubois vient de clore l’ouverture du festival Faits d’hiver avec une bombe humaine, nommée Souls. A voir en mars au 104.

[rating=5]

La dernière fois, c’était en 2012, Tragédie dans le Cloître des Carmes du Festival d’Avignon. Il y avait ces hordes de corps nus qui se croisaient sans jamais ou presque se toucher dans une transe techno. Ici, pour Souls, le plateau est sableux, la lumière est chaude. Il quitte le Rouge pour l’ocre. Nous sommes dans le désert, six hommes : Tshireletso Molambo, Youness Aboulakoul, Jean-Paul Mehensio, Hardo Papa Salif Ka, Ahmed El Gendy, Djino Alolo s’y tiennent morts ou vivants, peu importe puisque nous sommes après. Après quoi ? Allez savoir… peu importe, tant qu’il reste des hommes.
Ces hommes là vêtus de tee-shirts, de jeans et de baskets vont évoluer dans un mouvement lent qui malgré son rythme surprend par le jaillissement de portés fulgurants où les hommes deviennent des armes ou des bagages d’exilés. Nous sommes dans un geste qui parfois est imperceptible et qui à d’autres moments devient éclair, il est de façon permanente extrêmement puissant. Le tout se développe sous la pression incessante du son de plus en plus envahissant d’un hélicoptère qui rôde.

Il se dégage de Souls une lourde atmosphère. Ce sable-là n’est pas celui d’un paradis pour touristes, il est le terrain d’affrontement d’êtres qui n’ont plus ni foi ni loi. Leur danse est athlétique, solide. Leurs interactions, cela, le directeur du CCN de Roubaix le maîtrise comme personne, sont inexistantes et pourtant permanentes. Ils se servent les uns des autres et quand ils se regardent c’est pour une mise à mort.

Avec Souls Dubois continue d’inscrire sa grammaire dans l’univers très pointu de la danse contemporaine. Il signe une pièce resserrée, intense et magnifiquement menée, ou les lignes se tracent comme avec un cutter sans jamais perdre ni en élégance ni en légèreté. Tour de force rare dans cette discipline, il impose le suspense, frise la peur.

Souls est à voir absolument car Souls vient gratter au fond de chacun. Ces six danseurs là, viennent de six pays africains différents, il viennent danser à la fois les guerres civiles et les relations directes aux Dieux.
Choc.

Visuel : © Mostafa Abdel Aty

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