
Requiem, le show à l’américaine de A.I.M by Kyle Abraham
En ouverture du Festival de Marseille, Marie Didier a choisi d’opter pour la générosité et la joie avec un spectacle au titre lourd mais au contenu léger et souple : Requiem : Fire in the Air of the Earth.
Kyle Abraham est un chorégraphe repéré. Il a écrit pour le New York City Ballet à plusieurs reprises et son esthétique le place dans la veine très propre à cette ville. Nous sommes dans du modern jazz revisité. Tout n’est que souplesse et grands pas. Les secondes prennent leurs aises et les bras ne cessent de chercher le ciel dans des courbes amenant d’autres cercles. Le tout virevolte, vrille dans une danse qui ne cherche pas à intellectualiser le mouvement, mais au contraire à faire briller la beauté et la prouesse.
Sa compagnie 100% inclusive donne à voir des corps tous super différents, complètement dégagés de leur identités sexuelles. Il ou elle, noir ou blanc, grand ou petit, on s’en fout. Cela est normal dans la danse contemporaine, mais dans les champs classiques, néo-classique et jazz, refléter l’humanité n’est pas encore un prérequis.
Pour nous entraîner dans son flow, Kyle Abraham choisit Mozart et son célèbre Requiem qui rapidement devient une partition pop sous la houlette de la DJ Jlin. Sur scène, habillé.e.s de costume super soyeux et fluides, Tamisha. A. Guy, Logan Hernandez, Keerati Jinakunwiphat, Claude “CJ” Johnson, Catherine Kirk, Jae Neal, Donovan Reed, Martell Ruffin, Dymon Samara et Gianna Theodore se présentent à nous d’abord de dos, face à un hublot support à toutes les interprétations possibles : pollution marine, intérieur humain, fenêtre d’un paquebot… La lumière faite de couleurs vives les installe dans des halos rouges, roses…. La partition est super classique. Les contrepoints arrivent vite, tout comme les pas de deux et autres trios. Les gestes sont poussés à l’extrême, cette grammaire ne cherche pas à déphaser, suspendre ou analyser. La machine est mainstream et nous donne la sensation que Beyoncé va venir chanter ! Ce n’est pas impossible, Kyle Abraham a déjà signé des chorégraphies pour elle !
Vous l’aurez compris, ce Requiem donne le la d’un festival ouvert sur toutes les formes. Cette pièce permet d’accueillir un public, pour l’instant moins habitué aux oeuvres plus expérimentales. Dans trois semaines, le 8 juillet, le festival va se clore avec Somnole de Boris Charmatz et entre, le public aura goûté au Mal de Marlene Monteiro Freitas. Deux chorégraphes pas ou peu montrés à Marseille jusque-là. Cette programmation permet de donner aux danses, du divertissement à la performance un coup de projecteur indéniable.
Tout le programme du Festival de Marseille est ici
Visuel : ©PeterHönnemann