
“Näss”, l’énergie incarnée de Fouad Boussouf aux Hivernales
On y danse l’été, le festival des Hivernales en plein Avignon propose un tube de la saison chorégraphique, Näss, entendez “Les gens”, une dose de speed intense.
Le chorégraphe d’origine marocaine, basé à Vitry-sur-Seine mixe une langue à la fois orientale, religieuse, et hip hop entre éternel et contemporain. De dos, face au mur, Élias Ardoin, Sami Blond, Mathieu Bord, Maxime Cozic, Loïc Elice, Justin Gouin, et Nicolas Grosclaude installent un pas tribal tout en finissant de s’habiller. Ils portent tous un tee-shirt qui sera l’amplificateur de leur souffle. Et du souffle il y en a à revendre ici, et de la sueur aussi, bientôt.
Ils font corps commun dans un geste qui s’avère sexy, ils sont ensemble, une bande de mecs qui se cherchent, se poussent, s’excluent, se retrouvent. Les pas s’inscrivent dans la culture Gnawa que l’ethnomusicologue Jean Pouchelon définit comme: “une communauté d’adeptes, de prêtres-guérisseurs et de musiciens qui pratiquent une variante du culte populaire des saints teintée d’africanismes”. Il y a de la sanctification dans cette danse possédée où le rythme est indécent. Ils ne s’arrêtent jamais dans une transe qui devient mystique.
Le pas de deux permanent entre la danse folklorique et la danse hip hop offre aux rites une nouvelle modernité. Ce succès du dernier Festival June Events est donc à Avignon jusqu’au 20, l’occasion d’un ancrage au sol martelé comme jamais et d’une puissance corporelle démente.
Jusqu’au 20 aux Hivernales à 17H30. Durée 1h.
Visuel : © Charlotte Audureau