Danse
Le magistral “Sacre de Printemps” de Pina Bausch conquit le public de La Villette !

Le magistral “Sacre de Printemps” de Pina Bausch conquit le public de La Villette !

20 September 2022 | PAR Chloé Coppalle

Hier, le public a été conquis par la représentation du Sacre du Printemps de Pina Bausch à la Villette ! Organisée dans le cadre de la saison, encore une fois hors les murs, 2022-2023 du Théâtre de la Ville, 36 danseurs ont porté avec brio cette œuvre majeure de la danse contemporaine ! Avec une première partie portée par le pointu Common Ground[s], chorégraphié par Germaine Acogny et Malou Airaudo, le spectacle, initialement conçu dans le cadre de la Saison Africa2020, est à voir (ou à revoir) !

À l’origine, Le Sacre du Printemps est un ballet composé pour la compagnie du chorégraphe Serge de Diaghilev (1872-1929) : Les Ballets Russes. Écrit par Igor Stravinsky (1882-1971), il fut chorégraphié par le danseur Vaslav Nijinski (1889-1950) entre 1910 et 1913. Il raconte l’histoire d’une jeune fille sacrifiée au Dieu du Printemps dans l’espoir d’un renouveau, à l’époque d’une Russie ancienne et païenne. Chorégraphié de multiples fois à travers le monde, la version de Pina Bausch, malheureusement disparue en 2009, est une des plus célèbres reprises.

L’œuvre rappelle le Boléro de Ravel de Angelin Preljocaj, dansé cet été au Musée du Louvre pour son rapport au groupe, à la régularité, aux jeux de duo homme/femme, et à la forte technique dont les danseurs font part. Peut-être le chorégraphe s’en était-il inspiré. La version de Pina Bausch, dont la première représentation eut lieu le 3 décembre 1975 à l’Opéra de Wuppertal, explore les notions d’ensemble, d’associations, de dissociations et d’isolement pour mettre en scène la jeune fille choisi pour le sacrifice. Ce dernier est représenté par un tissu rose autour duquel se forme la danse. Les corps s’en éloignent, le jettent, n’en veulent pas, s’approchent et s’en écartent. Les danseurs se retrouvent deux à deux ou en bloc pour s’en protéger. La couleur rose du tissu tranche avec les tons naturels du blanc des robes, du noir des pantalons masculins et du marron de la terre sur laquelle se déroule la pièce. L’utilisation de la terre comme choix du sol pourrait évoquer l’image des rites païens, communément imaginés dans la nature, peut-être en forêt, du moins à des époques pré-industrielles. Au-delà de l’odeur feutrée que l’élément apporte, il participe à la beauté de la mise en scène. Pour représenter les rites, Pina Bausch avait pensé de son vivant le déploiement des corps, l’opposition des blocs masculins/féminins, les tremblements des danseuses, ou encore le motif du cercle, à plusieurs ou à deux. Grâce à des danses d’une forte intensité, la chorégraphe rendait honneur au rythme très soutenu de la musique de Stravinsky, rythme qui lui a valu un scandale lors des premières représentations du ballet en 1913 au Théâtre des Champs-Élysées, désormais inscrites dans “leur jus” au répertoire de l’opéra de Paris.

En première partie, Common Ground[s], chorégraphié par Germaine Acogny et Malou Airaudo ouvre le spectacle !

Avant que la salle ne soit enivrée par l’énergie que dégage le Sacre, Common Ground[s] ouvre la soirée avec douceur. Cette fois-ci, les corps sont portés par la lenteur des gestes et par un univers sonore épuré. Dans la première partie de Common Ground[s], des bruits renvoyant à la nature comme ceux d’oiseaux ou de grillons accompagnent les danseuses qui s’éloignent, se croisent et se rapprochent dans des mouvements contrôlés et patients. Puis, une très belle composition musicale marque la seconde partie grâce à des basses et des impressions de soufflent qui apportent de la gravité à la scène. Common Ground[s] est un spectacle pointu par son univers épuré, par la présence du dialogue, mais aussi par son ouverture. Dans un grand silence, les danseuses apparaissent sur scène par un éclairage qui s’illumine finement. Cette absence de musique questionne le spectateur : « Va-t-il y en avoir ? ». Un spectacle plus abstrait, interprété par les deux grandes chorégraphes Germaine Acogny et Malou Airaudo !

En somme, une soirée magistrale largement saluée par le public, malgré la longue entracte de 30min (pour deux chorégraphies qui en font chacune 35) ! À voir cet automne !

Crédit : Maarten Vanden Abeele ©Pina Bausch Foundation

Informations pratiques

Du 19 au 30 septembre 2022 à l’Espace Chapiteaux, à la Villette.

– Lundi au vendredi : 20h

– Samedi et dimanche : 19h

– Relâche les jeudi 22 et lundi 26 septembre

Durée 1h35 avec entracte : Common ground[s] 30 min · entracte 30 min · Le Sacre du printemps 35 min

PT 40 € • TR 35 € • Abonnés, adhérents 32 € • Abonnés jeunes (- de 26 ans) 15 €

Distribution
COMMON GROUND[S]

Chorégraphie et interprétation : Germaine Acogny, Malou Airaudo

Composition musicale : Fabrice Bouillon Laforest

Costumes : Petra Leidner

Lumière : Zeynep Kepekli

Dramaturgie : Sophiatou Kossoko

Musiciens enregistrés – Contrebasses : Adam Davis, Carlota Margarida Ramos – Violoncelles : Ana Catarina Pimentel Rodrigues, Mariana Silva Taipa – Altos : Wei-Chueh Chen, Alejandro Vega Sierra – Violons : Nicolas Lopez, Ana Maria Sandu, Alexandru-Adrian Semeniuc – Clavier : Fabrice Bouillon LaforestChef d’orchestreProf. Werner Dickel

Ingénieur du son : Christophe Sapp

Première le 23 septembre 2021, Teatros del Canal, Madrid.

LE SACRE DU PRINTEMPS
Chorégraphie : Pina Bausch

Musique : Igor Stravinsky

Scénographie & costumes : Rolf Borzik

Collaboration : Hans Pop

Direction artistique : Josephine Ann Endicott, Jorge Puerta Armenta, Clémentine Deluy

Direction des répétitions : Çagdas Ermis, Ditta Miranda Jasjfi, Barbara Kaufmann, Julie Shanahan, Kenji Takagi
Avec : Rodolphe Allui, Sahadatou Ami Touré, Anique Ayiboe, D’Aquin Evrard Élisée Bekoin, Gloria Ugwarelojo Biachi, Khadija Cisse, Sonia Zandile Constable, Rokhaya Coulibaly, Inas Dasylva, Astou Diop, Serge Arthur Dodo, Franne Christie Dossou, Estelle Foli, Aoufice Junior Gouri, Luciény Kaabral, Zadi Landry Kipre, Bazoumana Kouyaté, Profit Lucky, Babacar Mané, Vasco Pedro Mirine, Stéphanie Mwamba, Florent Nikiéma, Shelly Ohene-Nyako, Brian Otieno Oloo, Harivola Rakotondrasoa, Oliva Randrianasolo (Nanie), Asanda Ruda, Amy Collé Seck, Pacôme Landry Seka, Gueassa Eva Sibi, Carmelita Siwa, Amadou Lamine Sow, Didja Kady Tiemanta, Aziz Zoundi

Première le 3 décembre 1975, Opéra de Wuppertal. Reprise 2021.

Production
Pina Bausch Foundation – École des Sables – Sadler’s Wells

Coproduction

Théâtre de la Ville-Paris – Les Théâtres de la Ville de Luxembourg – Holland Festival, Amsterdam – Festspielhaus, St Pölten – Ludwigsburg Festival – Teatros del Canal de la Comunidad de Madrid – Adelaide Festival – Spoleto Festival dei 2Mondi. Le projet est financé par la Fondation culturelle de l’État fédéral allemand (Kulturstiftung des Bundes), le Ministère de la Culture et de la Science du Land Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Fonds de coproduction internationale du Goethe-Institut, et soutenu par le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch.
Avec le soutien de
Dance Reflections by Van Cleef & Arpels.
Coréalisation

Théâtre de la Ville-Paris – La Villette-Paris.

Le développement de GTA 6 bousculé par une importante cyberattaque
Deux jours au festival Paris Paradis à la Villette !
Chloé Coppalle

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration