Danse
Générations, l’élégant portrait de danseurs de Fabrice Ramalingom

Générations, l’élégant portrait de danseurs de Fabrice Ramalingom

18 July 2022 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Aux Hivernales dans le cadre du Festival On (y) danse aussi l’été à Avignon, le chorégraphe continue son exploration de la fraternité sous l’angle de la transmission.

Fabrice Ramalingom est en mouvement, il danse librement en cherchant le sol d’une de ses mains pendant l’entrée du public. Il a l’air bien, heureux et à sa place. Il va nous présenter sans mots, juste en se tenant debout entre eux deux, Jean Rochereau et Hugues Rondepierre. Jean et Hugues ont  respectivement 78 ans et 23 ans. Ils sont danseurs tous les deux depuis toujours mais pour l’un cela fait plus longtemps que pour l’autre. Ils sont lumineux ensemble.

La pièce est un pas de deux où les mouvements se transmettent dans une parfaite écoute de l’autre. Ils dansent tous les deux avec toutes leurs possibilités. Evidemment, Hugues saute plus haut et s’amuse de vrilles qui le font courir très vite en arrière. Mais Jean n’est pas à plaindre avec sa flexibilité du bassin et ses pieds qui touchent sa tête ! 

Génération n’est pas une comparaison, c’est une délicieuse “battle” qui dérive vers un beau rivage, celui de pas de deux enchevêtrés où l’un glisse sur l’autre, ou l’un porte l’autre. 

Au-delà de la beauté et de la poésie de ce voyage, d’ailleurs symbolisé par la vidéo d’un chemin en pleine nature, montrer un corps âgé au plateau est politique. C’est le dernier bastion. Après la couleur des peaux, après la forme des corps, après la façon de nommer les identités, un tabou reste, celui de montrer des vieux vivants.  A 78 ans, il n’est pas en EPHAD, pas dépendant. Il tient le rythme. Et il n’est pas seul dans ce cas. L’âge de départ à la retraite d’un danseur classique, c’est 42 ans. En contemporain, cette nuance n’existe pas. On voit de plus en plus d’interprètes quinqua ou sexa sur les scènes.

Au Festival d’Avignon, par exemple, l’animatrice de la compétition de gym dans One Song était mise en majesté avec ses cheveux gris. Est-ce que le dernier barrage des représentations serait en train de se fissurer ? 

Nous l’espérons !

Old is beautiful ! 

Jusqu’au 20 aux Hivernales à 11H30-Durée 1H.

Visuel : © Brice Pelleschi

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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