Christian Rizzo : le bénéfice du doute
Christian Rizzo est de retour au Théâtre de la Ville avec une création : le bénéfice du doute. Robin Rimbaud, alias Scanner, s’est chargé de la composition de l’espace sonore.
Joyeux touche-à-tout, musicien, couturier ou interprète pour les plus grands chorégraphes contemporains, Christian Rizzo s’autorise toutes les audaces avec son association Fragile. Y compris celle de revenir à un spectacle entièrement dansé, dépouillé, éloigné des formes plus théâtrales qu’il avait pu explorer.
Sur scène, un dispositif très simple accueille le public : un rectangle phosphorescent au sol, et sept mannequins souples alignés. Sept danseurs vont se charger de les vêtir puis de les hisser dans les airs grâce à un jeu de poulies latéral, avant de prendre possession de l’espace au sol.
S’ensuivent de multiples variations scéniques, fruits d’une écriture chorégraphique très élaborée, dominée par d’innombrables portés. Ou l’art du porté envisagé comme une métaphore de la prise en charge de l’autre, de son existence, de son poids, de son inertie. D’autant que le porteur devient souvent, par un jeu de bascule léger, porté à son tour.
L’ambiance électronique proposée par Scanner (www.scannerdot.com), composée comme par nappes sonores successives, effleure parfois la fiction en introduisant la voix, une possibilité qui restera de l’ordre du doute, puisque l’objectif de Rizzo était ici la redécouverte des fondamentaux : une scène, des éclairages, des corps : comment représenter et évoquer ces corps, et leur donner vie, comme à des automates, par le pouvoir de la mise en scène ?
Les mannequins, eux, ne redescendront sur scène qu’en fin de parcours, sorte de deus ex machina convoqué pour refermer la boucle.
Visuels : © Marc Domage, pendant les répétitions.