
“Minuit”, dans les points de suspension de Yoann Bourgeois
Le circassien Yoann Bourgeois, artiste associé à la MC2 Grenoble est pour quelques jours au Théâtre de la Ville-Abbesses pour présenter un florilège époustouflant de sa déjà belle oeuvre. Minuit sonne, dépêchez vous !
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Venez tôt, à 20 h, vous aurez la chance, si le ciel est d’accord, d’assister à un extrait de Noustube de Jörg Müller. Un dialogue s’installe entre une Marie Fonte dans les airs et lui immergé dans un tube d’eau de 4 mètres de haut. Eux , ne peuvent par définition ,pas se croiser et de leur pérégrination contrainte naît un ballet. Cette mise en bouche au spectacle nous donne le ton de Minuit, cette oeuvre par essence plurielle puisqu’elle se compose de sept extraits qui feront corps.
Yoann Bourgeois parle ainsi du point de suspension : “il désigne le moment précis – l’instant – où l’objet lancé dans les airs atteint le plus haut point de la parabole, juste avant la chute”, et dans ce Minuit, tout est au bord de la dégringolade. Les cloches sonnent déjà, elles sont un tourbillon dangereux qui encercle Jörg Müller. L’heure est grave car plus rien ne fonctionne. Mathurin Bolze en équilibre voit ses appuis devenir chancelants. Pourra-t-il dire ce qu’il a à dire ? Yoann Bourgeois veut fuir mais son trampoline éclairé par le dessous le ramène toujours au sol... hard life. La roue tourne emmenant avec elle en son sein un Mathurin Bolze enfermé comme un rat.
Minuit nous parle, au son de la harpe samplée en live de Laure Brisa, d’un amour qui est inatteignable, d’une course dont le but s’éloigne aussi vite que l’on court. Si l’on rit ici devant ces maladresses volontaires, devant ces bras cassés, ces disputes à couper une chaise en deux, on rit sombre car, le cirque de Yoann Bourgeois n’est pas pour les enfants. Il fait jongler et rebondir les méandres des petits soucis, et nous glisse dans une atmosphère où il faut s’accrocher, car de façon générale, la chute est proche.
Visuel : Théâtre de la ville